mardi 27 novembre 2012

La porte - 6 - décadence


            Au bout de trois jours, Sylvie appela Stéphane. Elle lui expliqua ce qui s’était passé et lui dit que personne n’avait réussit à joindre Paul, mais elle craignait de retourner seule chez elle. Elle avait peur de son mari, peur qu’il soit devenu fou. Paul lui conseilla d’appeler à son bureau. Là on lui apprit que Paul ne s’était pas présenté à son poste depuis le weekend et que personne ne répondait chez eux. Sylvie demanda à parler au directeur de la société et lui expliqua rapidement ce qui se passait en lui demandant de ne pas ébruiter la chose. Elle lui dit qu’elle le tiendrait au courant dès qu’il y aurait du nouveau. Le patron de Paul accepta de ne rien dire et de le mettre en congé pour la durée de son absence. Paul était un bon élément et il s’entendait bien avec sa hiérarchie. Aussitôt raccroché elle contacta Stéphane. Ce dernier lui dit qu’il allait tout de suite venir et qu’avec le père de Sylvie ils iraient voir Paul ensemble.  Une heure après les deux hommes montèrent dans la voiture de Paul pendant que la mère de Sylvie réconfortait sa fille effondrée. Emilie ne comprenait pas tout ce qui se passait et jouait tranquillement dans son parc. Lorsque les deux hommes arrivèrent, ils virent de la lumière au sous sol et Stéphane compris qu’en proie à son obsession Paul continuait à creuser sans relâche. Stéphane ne pu s’empêcher de penser que ce qu’il creusait avec tant d’acharnement était en fait le tombeau de sa raison. A l’instant où ils mirent pied à terre ils entendirent un grand bruit derrière la maison. Stéphane couru vers le jardin et, au moment où il passa l’angle du bâtiment, il comprit ce qu’il s’était passé. Un trou immense s’était creusé au pied du mur extérieur de la cuisine. Paul avait du finir par atteindre les bords de la roche qui servait de plafond à la cavité qu’il creusait et, insuffisamment soutenue, celle-ci avait fini par s’effondrer. Le père de Sylvie arriva et, d’un coup d’œil au visage de Stéphane compris qu’un drame venait de se produire à l’instant même. Il prononça un simple mot « Paul ? » résumant ainsi la question à laquelle il avait déjà la réponse. Stéphane lui répondit tout de même « Il est là, sous quelques tonnes de roches. » Au même instant, à quelque kilomètres de là Emilie arrêta subitement de jouer et Sylvie de sangloter. La mère regarda la fille et compris qu’elle avait ressenti la même chose qu’elle. Elle n’eu pas besoin d’attendre l’appel de son père pour savoir que son mari n’était plus.

            La pierre n’avait pût être soulevée et le corps récupéré. Les obsèques avaient donc eu lieu devant un cercueil vide. Tous les amis étaient venus et Stéphane figurait au premier rang, ayant laissé sa femme et son fils derrière pour soutenir Sylvie. La cérémonie fut forte en émotion et marqua irréversiblement le groupe d’ami. Jean et Stéphane étaient aujourd’hui chez Paul pour terminer de retirer les dernières affaires. La maison était vendue et les nouveaux propriétaires arriveraient dans une semaine. Mais ils étaient surtout là pour autre chose. Jean préparait le mortier et Stéphane rapportait les pierres. Aujourd’hui ils allaient de nouveau sceller la porte. L’opération se fit dans le silence. Le mur en place Stéphane referma la porte et retira la poignée juste avant que Jean remette la planche en place. Puis ils repartirent dans le silence et personne ne remit les pieds dans la maison avant l’arrivée des nouveaux résidents. Aucun des deux n’avait remarqué pendant l’opération que la porte avait sur son côté gauche une quatrième encoche creusée dans le bois.


FIN

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