mardi 27 novembre 2012

La porte - 3 - Heureux évènement


Stéphane et Jean étaient arrivés tôt ce matin. Les trois amis prenaient un café en attendant de commencer le rangement. Jean n’était pas détendu. Sa femme devait accoucher dans une semaine mais il avait la conviction que le petit Tom, c’était le nom qu’il avait choisi pour son fils, serait en avance mais il était quand même venu car Paul avait besoin de son camion pour emporter tout ce qu’ils devaient jeter à la déchetterie. Paul avait terminé d’aménager le grenier du garage et ils devaient monter les cartons dedans pour vider la future cave. Jean était venu avec un camion de son travail. Ils pourraient donc aller tout jeter en fin de journée. Sylvie était partie faire le marché pour leur préparer le repas. Elle était radieuse à 6 mois de grossesse. Le groupe d’amis s’était soudé davantage avec les naissances arrivées et attendus. Heureusement, toutes les grossesses se passaient bien et les premiers accouchements avaient été réussit, laissant les parents emprunts d’un souvenir merveilleux. Les trois amis se mirent rapidement au travail. La matinée leur suffit à transporter les cartons dans le garage. A la pause-déjeuner Jean s’empara du téléphone pour prendre des nouvelles de sa femme. Celle-ci était avec sa mère pour plus de sécurité. Elle était un peu fatiguée mais tout allais bien. Elle lui confirma que le petit n’attendrait certainement pas une semaine et qu’avec un peu de chance ils pourraient prendre le chemin de la maternité à la fin du weekend. Pour rassurer Jean, Sylvie lui promis de rester à proximité du téléphone pendant l’après midi au cas où il recevrait un appel urgent. Les trois hommes commencèrent rapidement à vider la première pièce. Il n’y avait là que du bois pourri et de vieux cartons désagrégés. Lorsqu’ils eurent terminé ils installèrent un éclairage de fortune dans la seconde pièce. Là le travail fût plus compliqué. Il y avait beaucoup d’affaires en vrac et ils prirent le temps de tout trier pour le cas où ils trouveraient quelque chose d’intéressant. Paul trouva quelques vieux outils qu’il décida de conserver et de nettoyer plus tard. Les meubles étaient tous bon pour la décharge malgré, pour certain, une apparence prometteuse. Ils avaient tous un coin abimé ou cassé quand il n’en manquait pas carrément une partie. Le reste n’était que vieux papiers comme seules savent en conserver les personnes âgées. Après avoir remué toute cette poussière les amis prirent le temps de savourer une bière dehors pour respirer un peu. La lumière du jour et l’air frais leur firent le plus grand bien mais par égard pour Jean ils ne s’attardèrent pas. En redescendant, ils placèrent deux baladeuses électriques dans la troisième pièce pour terminer le travail. C’était la première fois que quelqu’un mettait les pieds dans cette pièce depuis qu’ils avaient acheté. La pièce était assez petite et remplie d’un bric à braque impressionnant. Il y avait là, pêle-mêle, des piles de vieux journaux, des panneaux de différents matériaux et de toutes tailles ainsi que de vieux matelas. Ils décidèrent de commencer par dégager les plus gros éléments afin d’y voir un peu plus clair. Après avoir sorti dans le camion trois matelas de plumes éventrés et une vieille maie dont il manquait un pied ainsi que le tablier ils revinrent  faire le tour de la pièce. Hormis un bazar impressionnant il y avait sur le mur du fond un grand drap qui semblait cacher quelque chose comme un très grand tableau. Stéphane commençait déjà à libérer l’accès, visiblement intrigué par cet objet. Jean et Paul lui vinrent en renfort. Au bout de cinq minutes Paul fut le premier à pouvoir enfin toucher au drap. Il le tira à lui, plein d’espoir, mais quel ne fut pas sa déception lorsque la chute de l’étoffe ne révéla qu’un large panneau de bois. Jean suggéra de dégager le panneau au cas où il y aura quelque chose d’intéressant derrière. Au bout d’une demi-heure, le panneau bascula enfin et révéla, effectivement, une surprise de taille mais très loin de tout ce à quoi ils s’attendaient. Derrière la planche il y avait une porte. Il s’agissait d’une porte imposante mais de taille moyenne. La première chose qui les surprit fut que cette porte était sur un mur extérieur et qu’elle donnait donc sur une pièce, ou quoi que ce soit, en dehors de la maison. Le second point d’interrogation fut de constater que cette porte avait été scellée au mortier. Ils approchèrent des lampes pour l’observer de plus près. La porte était d’un très bel ouvrage. Elle était composée d’un bois solide qui avait très peu travaillé avec le temps. Elle avait été décorée sur sa façade d’un joli jeu de courbes finement ciselé. Son seul défaut était trois encoches qui avaient été gravée au couteau en haut à droite de la porte. Stéphane fut le premier à rompre le silence. « Pourquoi avoir muré cette porte alors qu’il aurait été aussi simple de la retirer ! ». Jean lui apporta la réponse : « En fait c’est plus simple de laisser la porte et de reboucher lorsque l’on a pas besoin de faire quelque chose de propre. En plus la porte est d’un beau bois et il aurait été dommage de la casser. ». Les trois amis conservèrent quelques temps le silence sans qu’aucun n’ose poser la question : Pourquoi ? Et qu’y avait-il derrière ? Il y eu un sursaut général lorsque du haut de l’escalier la voix de Sylvie retentie : « Jean ! C’est ta femme ! Il faut que tu partes tout de suite, elle est déjà en route vers l’hôpital ». Ni une ni deux, Jean s’élança dans l’escalier pour prendre le téléphone. Au bout du fil son beau père l’informa que sa femme et sa belle mère venaient de partir. Allant partir il se retourna « Mince ! Le camion est plein ! Et vous en avez encore besoin ! » Stéphane lui répondit «  Ne t’inquiète pas : prend ma voiture. Tiens voilà les clés ». Jean allait répondre lorsque Paul l’interrompit « Aller file ! Ta femme t’attend et si tu n’y vas pas tout de suite c’est ton fils qui ne va pas t’attendre ! ». Jean s’élança dans la cours en direction de la voiture de Stéphane. Après cette courte pause Paul et Stéphane redescendit. Ils continuèrent à débarrasser la cave en silence, comme gênés par cette porte. Ce fut Stéphane  qui le premier rompit le silence : « Tu crois qu’elle donne sur quoi cette porte ? Si je ne me trompe pas c’est le mur extérieur de ta maison ca ! Tu crois qu’ils ont creusé une pièce supplémentaire sous terre ? ». Jean fut sceptique : « Je ne sais pas … Je pensais plutôt qu’à l’époque la porte devait donner sur l’extérieur et que l’ouverture de l’autre côté aura été comblée avec de la terre. Il faudra qu’on la dégage pour essayer de l’ouvrir. ». Stéphane le mis en garde : « On devrait attendre de faire ca avec Jean : il a dit que la porte était d’une belle construction et ne voulait pas qu’elle soit abimé. ». L’après midi passa et ils finir juste à temps le chargement du camion pour pouvoir aller le vider à la déchetterie. Entre temps Sylvie avait invité la femme de Stéphane à venir les rejoindre pour diner, d’autant que Stéphane n’avait plus de voiture pour rentrer. Juste avant le diner, Jean les appela pour les informer que l’accouchement s’était bien passé et ils fêtèrent tous les quatre la nouvelle.

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