jeudi 25 avril 2013

Romance à Portsmouth -2- Un accueil particulier



On frappa soudainement à la porte. Je sursautai, brusquement sorti de ma rêverie. Sans attendre ma réponse une voix sèche m’indiqua que le repas allait être servi et qu’il n’y aurait pas deux services. Pour ne pas aggraver l’accueil déjà froid j’obtempérai et descendis prestement dans la grande salle. Les tables y avaient étés réunies et les convives étaient pour la plupart restés pour le soupé. Tout le monde était déjà attablé et je m’installai naturellement à la seule place inoccupée. Personne ne pris attention à moi, ce qui, loin de m’offusqué, fût plutôt un soulagement pour moi.

Mes voisins étaient de vieux pêcheurs qui discutaient tantôt des réparations des embarcations, tantôt de l’organisation de la prochaine sortie en mer. Un vieux loup de mer se plaignait que les poissons dédaignaient ses filets malgré tous les efforts qu’il déployait et un autre lui répondit par une réflexion sur son physique devant faire fuir tout poisson s’approchant trop près de son embarcation. Des éclats de rires fusèrent et m’empêchèrent d’entre la réponse du premier. Sans comprendre la suite des plaisanteries je m’efforçai de sourire d’une manière timide afin que personne ne puisse prendre mon rictus comme une insulte. Le repas se déroula sur ces railleries et personne ne m’adressa la parole. Ma présence semblait uniquement tolérée car elle constituait une source de revenue pour l’auberge mais les villageois, tellement habitués à leur autarcie, semblaient mépriser tout ce qui venait d’au-delà des bois.

A la fin du repas, désireux de me dégourdir un peu les jambes après ce long voyage, je demandai au patron jusqu’à quelle heure il laissait la porte d’entrée ouverte. Il me répondit que la porte n’était jamais fermée et que je pouvais bien rentrer à l’heure qui me chantait tant que je prenais soin de ne pas déranger les autres occupants. Sans lui faire part de ma surprise dubitative quant à la présence d’autres pensionnaires, je le remerciai de son amabilité et ne me fit pas pressé pour rejoindre l’extérieur. Satisfait de m’éloigner de cette ignorance pesante à mon égard je sorti aussitôt dans l’indifférence la plus complète.

Dehors la nuit était tombée. Une légère brise transportait un air chargé d’embrun. Je me promenai sur la jetée pendant quelques minutes puis hésita sur ma destination. Les petites ruelles tortueuses du village qui paraissaient labyrinthiques de jour me faisaient penser, de nuit, à de véritables coupes gorges hantés par quelques marins ivres impatients d’exorciser la mauvaise pêche du jour par le sacrifice d’un inconnu de passage. En dehors du village je ne voulais pas me risquer de nuit sur les falaises escarpées menant au phare à la merci du moindre nid de poule ou autre piège susceptible de me précipiter dans une chute mortelle. De l’autre côté de la baie, un chemin dégagé montait en direction du vieux manoir. Pas forcément mieux protégé que celui menant au phare, celui-ci me semblait pourtant plus rassurant.

Le chemin menant au manoir commençait au bord du rivage derrière de vieux entrepôts. Passé quelques vieilles bâtisses de bois abandonnées depuis longtemps je sortais du village. Comme je l’avais pressenti, le chemin passait suffisamment loin de la corniche pour ne courir aucun risque. Le long du sentier avaient été planté de petits buissons laissés à l’abandon depuis très longtemps. Le sentier lui-même était envahi d’herbes sauvages et aucune trace d’ornière n’apparaissait.

En m’approchant du manoir je constatai qu’aucune lumière ne s’en échappait. La soirée n’était pas trop avancée et il me semblait surprenant que tous les occupants dorment déjà. Craignant que le manoir ne soit à l’abandon, je m’approchais de l’entrée. A quelques mètres du portail un petit chemin s’enfonçait dans la forêt. Le manoir avait l’air très vieux mais entretenu. La toiture était en bon état et le lourd portail en fer forgé était tenu par un cadenas fermement attaché. Aucune trace de rouille ou de bois pourri ne laissait penser que personne n’habitait ici. Je laissai là le manoir et décida d’aller regarder du côté du petit sentier afin de voir si il ne permettait pas de contourner discrètement l’édifice et d’aller voir si l’arrière était plus vivant que l’avant.

Ce sentier n’avait pas dû être pratiqué pendant de nombreuses années et la nature avait commencé à reprendre ses droits. Au bout de quelques dizaines de mètres le chemin débouchait sur une petite clairière entourée sur trois côtés par des grilles. Quelques tombes reposaient au milieu formant ce qui semblait être un petit cimetière familial. Je m’approchai des tombes pour lire le nom de cette famille quand je fus dérangé par un bruit de feuillage suivit d’un rire d’enfant. Je me retournai brusquement pour voir d’où provenaient ces bruits mais ne vis personne. Le rire résonnant encore dans ma tête me donna des frissons dans le dos. Sans me retourner je sorti des bois. De retour au portail tout était redevenu calme. Mal à l’aise je redescendis au village sans pousser plus loin mes investigations.

Romance à Portsmouth -1- visite de complaisance



Lentement, la diligence fantomatique descendait l’étroite route qui dessinait une cicatrice à travers l’épaisse forêt des alentours de Portsmouth. Une atmosphère oppressante, amplifiée par la pluie battante, pesait en ces lieux. Ces arbres noirs, privés d’espace et de lumières avait poussés en un enchevêtrement tortueux de troncs et de branches empêchant quiconque de pénétrer en leur sein sans contorsion. Aucun animal ne s’approchait de la lisière et pourtant l’observateur averti pouvait déceler d’infimes mouvements dans les profondeurs des sous-bois. Le chemin lui-même était sinueux et défoncé. De puissantes racines en perçaient la surface et son tracé semblait aussi irrégulier que les troncs des arbres qui le bordaient.

Dans la voiture chahutée, un silence pesant régnait. En face de moi, deux vieilles dames se blottissaient l’une contre l’autre sans mot rien, me jetant de temps à autres des regards froids, comme si ma bonne humeur n’était pas de mise en ces circonstances. Pourtant rien n’aurait pu ôter le sourire de mon visage ce soir. J’allais bientôt arriver à Portsmouth, petite bourgade que je rêvais de visiter depuis plusieurs mois. A vrai dire ce n’était plus le village qui occupait mon attention ces dernières semaines. J’allais enfin rencontrer celle avec qui j’avais établi, depuis quelques mois, une correspondance de plus en plus passionnée.

Doucement mon esprit s’enfonça dans les méandres de mes souvenirs. Etudiant en histoire, j’avais choisi comme sujet de thèse le développement de la pêche dans les ports de la nouvelle Angleterre au cours du siècle dernier. N’ayant pas beaucoup de moyens pour me déplacer j’avais passé, il y a quelques mois, des annonces et étais entré en contact avec des correspondants dans les différents villages côtiers de la région. Ayant bien souvent eu affaire à des anciens, enfants du pays, ayant passés leur vie à entretenir la mémoire du village, j’avais été très agréablement surpris de faire la connaissance d’Helena, jeune femme instruite connaissant parfaitement l’histoire de ce petit port de pêche et qui devins naturellement mon contact en ce lieu. Cette correspondance fut assez fructueuse pour que je consacre la moitié de mon étude à ce seul village. Helena m’avait énormément aidé dans ma tâche et c’est autant pour la remercier en personne que pour rencontrer celle dont j’attendais impatiemment la moindre lettre que j’étais venu à Portsmouth.

La diligence franchit une dernière colline et Portsmouth m’apparut enfin. La pluie avait cessée et une douce lumière éclairait le vallon. Au milieu, le village semblait ramassé sur lui-même étroitement prisonnier des deux collines l’encadrant. Totalement isolé, il était acculé à la mer et entouré par cette impénétrable forêt qu’une unique route traversait. Une petite rivière descendait des bois et coupait le village en deux avant de se jeter dans l’immensité océanique. Tels de sombres oiseaux impassiblement posés sur leur rocher, des maisons se dressaient sur les flancs des collines. Le centre était, quant à lui,  un enchevêtrement de petites rues sinueuses et humides. Quelque chose dans cet ensemble de toitures et de ruelles manquait de l’harmonie pittoresque que l’on pouvait attendre de ce genre de lieu.

Enfin arrivée à destination, la diligence s’arrêta à l’entrée du village. Les deux petites vieilles sautèrent promptement de la voiture et empruntèrent d’un pas pressé les ruelles avoisinantes. La première chose que je fis en sortant fut de m’emplir les poumons de cet air d’embruns unique que l’on ne trouve que dans les petits villages côtiers. Puis, je me retournai vers le conducteur pour lui demander s’il connaissait une auberge où je pourrais séjourner. Le cochet tourna vers moi un visage inexpressif et me répondit que je trouverai surement un établissement de ce genre sur le rivage. Puis, sans attendre, il lança ses chevaux sur la route.

Je regardai la diligence s’éloigner doucement puis, prenant conscience que le soir allait bientôt tomber, m’interrogea sur le chemin menant au port. N’aillant personne pour m’en indiquer le chemin je m’enfonçai dans les rues étroites, laissant le hasard me guider jusqu’au front de mer. Le village était calme en cette journée de fin d’octobre. Les rues étaient étroites et désertes.  Les maisons, d’un aspect rudimentaire mais entretenu, semblaient habitées mais aucun bruit ni autre signe d’activité ne s’en échappait. Seules les lumières derrière les carreaux fumés et les fumées s’élevant des cheminées trahissaient la présence de quelques habitants. Je suivis un chemin qui serpentait entre les maisons débouchant sur de petites places et parsemé de petits escaliers épars. La rue enjambait soudainement la rivière par un petit pont de pierre entre deux ensembles de maisons puis virait brusquement avant de descendre doucement vers le port.

J’arrivai sur un front de mer désert et, sans prendre le temps d’admirer la vue, cherchai du regard un bâtiment qui pourrait ressembler à une auberge. J’aperçus non loin un bâtiment légèrement plus haut que les autres qui correspondait à mes attentes. Une enseigne représentant un squelette de poisson gravé sur une choppe pendait tristement à sa potence. En dehors de ce symbole rien n’indiquait qu’il s’agissait d’une taverne : pas de nom, pas de tables dehors, juste une lourde porte de chêne et des fenêtres crasseuses qui ne laissaient passées qu’une faible lumière. L’intérieur contrastait avec l’extérieur. Il faisait chaud et l’air était saturé de fumée. Un plafond bas accentuait l’ambiance étouffante du lieu. La salle était de composition classique : un bar où les plus fidèles siégeaient sur leur tabouret et quelques tables où d’autres villageois se réunissaient. Personne ne sembla s’intéresser à ma présence. Quelques têtes s’étaient tournées à l’ouverture de la porte puis, ne reconnaissant pas l’un des leur, les habitués s’en étaient retournés à leurs occupations.

Je m’approchai du comptoir où le patron impassible continuait à essuyer ses verres sans me prêter la moindre attention. Je demandai s’il était possible de louer une chambre pour la nuit. Tournant enfin la tête, le patron me jaugea du regard puis me répondit qu’il pouvait me trouver une chambre mais qu’il fallait payer d’avance. Je payai pour trois nuits puis, suivant les indications, montai poser mes affaires. La chambre était sommairement équipée mais propre et avec une belle vue sur la mer. Un petit placard prévu à cet effet fut bientôt rempli avec le contenu de ma valise. Le temps de disposer quelques affaires de toilettes dans la salle de bain et je me sentis enfin détendu. Les bruits de la salle n’arrivaient pas jusqu’ici et d’après la disposition je devinai que je devais me trouver au-dessus des cuisines.

La nuit allait bientôt tomber ainsi je décidai de resta là à contempler la vue depuis la fenêtre. Le bord de mer était plutôt agréable. Le village était installé dans une crique bordée par des falaises. Les maisons étaient serrées les unes contre les autres jusqu’à la naissance des promontoires. A la pointe sud trônait la tour du phare accrochée le long de la falaise tel un pieu solitaire rappelant la présence de l’homme alors que le village encaissé semblait, lui, se dissimuler des regards. En face de lui, sur l’autre promontoire, un manoir siégeait, solitaire, étrangement isolé comme si le village l’avait rejeté. Je me demandai où pouvait bien habiter Helena et surtout comment pouvait-elle faire pour rester ici alors qu’elle semblait instruite et aurais du étudier dans une grande ville. Mon intuition me fit machinalement regarder dans la direction du manoir. Si une telle personne habitait réellement ici elle était forcément installée au manoir. 

lundi 22 avril 2013

La montagne printanière


Pour l’avoir observée en différentes saisons, finalement, je crois que c’est au printemps que la montagne est la plus belle. Lorsque les cimes sont encore blanchies de neige et qu’une tendre verdure commence à en recouvrir le pied. Cette nature encore fragile souligne la force et la vigueur de la roche, ici pleinement exprimées. Sur ses flancs, où les arbres nus mêlés aux rochers bruts cèdent peu à peu la place aux bourgeons, premières feuilles et herbes fraîches. Parcourant une vallée encaissée, à la découverte des nuances de vert clair propres à cette saison, on tombe nez à nez avec un torrent rugissant, course empressée et incontrôlable de l’eau. Après avoir dormi de longues semaines sur les crêtes des montagnes, elle s’éveille pour descendre, tonitruante et enragée, les versants abrupts, et hurler à la nature qu’il est l’heure de s’éveiller. Plus loin encore, on sort de la vallée par un col et on découvre à cet endroit le meilleur point de vue que l’on puisse avoir. La montagne ici prend toutes ses dimensions. On peut l’observer de loin comme de près, de bas comme de haut, elle est partout. L’herbe naissante des pâturages, que l’on découvre avant les troupeaux à venir, tapisse ce vaste espace plat au milieu du relief. L’après-midi s’avance et le soleil vient jouer avec nous. Par ses rayons, il ajoute un contraste clair-obscur sur les coteaux qu’il effleure. Dans quelques heures, la lumière jouera une autre mélodie et dans quelques jours la nature en éveil aura terminé de déployer ses ailes. Le vert prendra d’autres teintes, plus marquées, et l’eau poursuivra son périple plus tranquillement. La fragilité de cet instant, d’ailleurs éphémère, réside en chaque chose. La montagne printanière est, comme en toute saison, un instant fugace qu’on a le plaisir d’attraper par chance mais qu’on ne peut retenir que dans ses souvenirs, à l’instar de sa propre enfance. J’espère que ces quelques mots m’y aideront … peut-être.

dimanche 14 avril 2013

La cabane au fond du jardin

Aujourd'hui grande journée au jardin :

Arrivée ce midi et on commence avec le premier barbecue de l'année et du jardin !



Après mangé il a fallu installer les toilettes sèches en urgence :

Préparation


Installation


Inauguration


Très vite papa a mis les toilettes à leurs places définitives :


Pendant ce temps là les filles étaient déjà au travail :


Au final de cette journée bien remplie nous avons planté (enfin principalement Christelle)

- les fraisiers
- Les petits pois
- Les haricots verts

Avec les plantations de pommes de terres et d'ail précédentes le jardin commence à ressembler à quelque chose.

Voilà pour le jardin.

Pour finir un petit mot sur l'écriture qui est tout de même censé être le sujet principal de ce blog je travail actuellement sur la réécriture et la remise en forme de la nouvelle "Romance à Portsmouth". La trame de la suite est écrite et devrait prochainement voir le jour pour, je l'espère, le plus grand bonheur de celui qui me réclame depuis longtemps la fin de cette histoire (Non je ne t'ai pas oublié ;-) )

Bonne nuit à tous !

Christophe





samedi 13 avril 2013

Toilettes sèches

Bientôt les vacances !

En attendant il faut s'occuper du jardin avant de partir.
Demain comme il va faire très beau nous passons la journée au jardin.
Christelle a rapporté le barbecue et la table de jardin donc demain on fait notre premier barbecue !
 De mon côté j'ai décidé de mettre à profit la journée pour avancer le bricolage.
Etant donné la date avancé nous n'utiliserons pas le chassie cette année. Je m'occuperai donc de cette réalisation cet été.
Après avoir commencé un projet de toilettes sèches extérieurs pour un budget de 100 € uniquement pour la cabane autour des toilettes nous n'étions plus très chaud. Hier j'ai eu la première bonne idée : nous allons utilisé la petite annexe de la cabane ou nous stockons les outils comme local toilette. Du coup il ne restait plus qu'à construire le bloc toilette.
Je descend donc en début d'après midi avec l'idée de recycler quelques planches et chevrons de réserve.
Et arrivé en bas THE IDEA !!!
En plein milieu de la pièce trône un ancien élément de cuisine ... piles aux dimensions de toilette.



Je vais chercher la lunette inutilisée des nouvelles toilettes, je trouve un sceau de la bonne dimension ...
.... Et miracle ! Tout s'assemble !



Ne me reste plus qu'à percer deux trous et découper l'ouverture et TADA : voici les toilettes sèches !



Ce soir je vais apporter tout ce matériel au jardin et demain on inaugure !

Comme quoi ... un peu de récup', un peu de temps (1 heure) et une bonne idée ... on arrive a faire des trucs pas mal !


A demain pour la journée barbecue !

lundi 1 avril 2013

Thérapie par le jardin

Comment changer le cap d'une journée commencée du mauvaise pied :

Par le jardinage !

Une bonne après midi dehors fait passer la mauvaise humeur matinale, le mépris de soi et même les maux de têtes !

Après un week-end en famille chez belle maman pour Pâques nous avons profité du beau temps pour retourner au jardin qui attendait impatiemment notre retour.

Au programme, pour Phébée et Maman, c'était les premières plantations : les pommes de terres. On espère que le gel va nous laisser tranquille et ne pas tuer les germes.

On creuse un trou et on dépose au fond une pomme de terre germée :



Pour bien faire maman avait montré l'exemple :



Pendant ce temps là, papa faisait du ménage et s'est débarrassé des restes de thuya en faisait un feu. Il en a profité pour enfumer tout le quartier :



Voilà pour aujourd'hui !

Sinon je suis en train de plancher sur la construction d'un chassie avec du bois de palette. J'ai fait les plans, je démonte les palettes et j'espère bientôt pouvoir commencer la fabrication.

Et puis je commence à me renseigner pour des toilettes sèches ...

A bientôt pour de nouvelles aventures !