mardi 27 novembre 2012

La porte - 4 - la porte


            Tom venait d’avoir 2 mois et Stéphane était papa depuis maintenant 3 semaines. C’était maintenant au tour de Sylvie de passer à la maternité. Jean avait enfin trouvé le temps de venir chez Paul pour regarder de plus près son sous sol. Les deux hommes étaient dans la cave. Jean venait d’expliquer à Paul comment faire l’isolation et ils arrivaient devant la porte. Jean avait apporté ses outils. Ils commencèrent à retirer le mortier entre la porte et son montant. A l’observation Jean nota que le bois de la porte devait être très vieux, peut être même plus que la maison. Il devait s’agir d’une porte de récupération. Au bout d’une heure de travail ils avaient réussit à dégager tout le contour de la porte. Un loquet semblait engagé alors que la poignée avait été retirée rendant impossible l’ouverture de la porte. Jean commença à creuser doucement le logement de la poignée en espérant mettre à jour un mécanisme qu’il pourrait forcer pour actionner le loquet. Paul, quand à lui, s’occupait à nettoyer les motifs ciselés au milieu de la porte et comblés avec le même mortier qui avait scellé cette dernière. Ils terminèrent au même moment. Paul observait le dessin sur la porte qu’il n’arrivait pas à reconnaître. Cela mélangeait une sorte d’architecture dont un escalier descendant dans ce qui lui semblait être une ouverture en forme d’arche. Jean le sorti de sa rêverie en lui demandant si il était prêt à faire l’essai d’ouvrir la porte. Paul acquiesça, et pendant que Jean forçait sur le mécanisme, il appuyait, lui, sur une barre à mine pour faire levier et forcer l’ouverture de la porte. Dans un grand craquement la porte céda et ils tombèrent tous deux à la renverse. La porte était maintenant ouverte et elle donnait … sur un mur. Au bout de quelques secondes et alors qu’ils étaient toujours assis par terre, Jean lui dit «  Et bien je crois que tu avais raison : il doit s’agir d’une ouverture vers l’extérieur qui a été comblé et condamnée. ». Paul ne répondit pas et c’est Sylvie qui rompit de nouveau le silence en l’appelant du haut des escaliers : « Paul ! Il va falloir y aller ! Le bébé veut sortir ! ». Paul se précipita pour accompagner sa femme à la maternité. Jean lui dit qu’il allait remettre la porte en place et que Jean n’aurait qu’à passer chez lui plus tard pour récupérer les clés de la maison.

            Les semaines avaient passés. Paul descendait prendre un instant de calme au sous sol. C’était le premier weekend qu’ils passaient seuls tous les trois depuis la naissance d’Emilie. Sa fille était une petite merveille de deux mois. Sylvie était d’une attention et d’une patience d’ange avec elle. L’accouchement avait été rapide mais avait épuisé la jeune maman. Comme pour les autres la sortie de maternité avait été l’occasion d’un grand rassemblement de la tribu d’amis. Maintenant tous les bébés étaient nés et les réunions prenaient des airs de crèches. Les hommes abandonnaient toujours rapidement le terrain pour laisser les femmes et les enfants tranquilles. L’équipe déjà soudée auparavant s’était encore rapprochée avec les enfants. C’était vraiment une bonne chose pour les petits qui auraient la chance de grandir au sein d’un groupe. Avec les naissances et les installations, personne n’était parti en vacances cette année mais les garçons étaient déjà en train de réfléchir à l’été prochain. Bien sur il était impensable de prévoir les vacances autrement qu’en partant tous ensemble. Mais ces rassemblements systématiques étaient chronophages et leur laissait peu de temps pour se reposer chez eux. Tout à ses pensées, Paul rangeait machinalement son établi. Il n’avait toujours pas commencé à aménager la cave depuis la naissance. En y repensant il se rendit machinalement dans l’enfilade de pièce. Tout était encore en place : les baladeuses était encore suspendues et branchées aux rallonges électriques si bien qu’il n’eu qu’à appuyer sur l’interrupteur de d’arrivée de courant pour tout éclairer. Il parcouru du regard les pièces vides et arriva logiquement devant la porte. La poignée de secours qu’ils avaient utilisé était encore dans son logement. Sans réfléchir il tourna la poignée et tira la porte à lui comme si il avait normal de le faire. Il observa longuement l’empilement de pierres qui obstruaient le passage. Elles avaient été disposées sans ordre et ne pouvaient donc rien soutenir mais elles avaient été soigneusement scellées au mortier. Paul fût pris d’une soudaine curiosité. Il devait savoir ce qu’il y avait derrière. Il retourna en hâte chercher un marteau et un burin et revint commencer à desceller une pierre. Au bout de quelques minutes la pierre tomba dans un grand fracas. Comme il aurait dû s’y attendre il y avait un mur de terre derrière. Le passage devait sans doute donner vers l’extérieur et avait été comblé de l’autre côté du mur de pierre. Le mortier servant à éviter que la poussée de la terre ne force la porte et que la pièce soit remplie de terre. Paul ne pouvait s’empêcher d’être déçu. Il s’attendait … non … il avait été persuadé trouver quelque chose derrière ces pierres. Il ne savait pas quoi mais il avait été certain qu’il y avait quelque chose de soigneusement caché là. Il fît un bond en entendant la voix de Sylvie dans son dos : « Mais enfin Paul ! C’est l’heure de la sieste de la petite. Il faut faire autant de bruit ? ». Paul lui répondit sur un temps absent « Désolé. Cela m’était sorti de la tête. J’ai fini ne t’inquiète pas. ». Sylvie, qui n’était jamais descendu dans la cave découvrit la porte. «  Mais qu’est ce que c’est que cette porte qui donne sur un mur ? ». Paul resta évasif : « Rien. Rien qu’un vieux passage condamné. ». Sylvie fut inquiétée par le ton de son mari : «  Ca va bien Paul ? ». Il ne répondit pas. A la place il vint l’embrasser et hocha la tête. Dès que Sylvie fut remontée il remit la pierre en place et referma la porte. Il replaça le panneau de bois et commença à envisager les travaux pour aménager la cave.

            L’hiver était passé et Paul avait terminé l’aménagement de la cave. La petite se promenait à quatre pattes dans son parc et Paul regardait par la fenêtre Sylvie qui plantait ses fleurs dans le jardin. Le déjeuner était presque prêt et il ouvrit la fenêtre pour prévenir Sylvie qu’elle allait bientôt devoir faire une pause pour venir manger. Emilie commençait à vouloir prendre la cuillère toute seule mais c’était à chaque fois un massacre et il fallait passer un temps considérable à tout nettoyer. Sylvie indiqua à Paul qu’il faudrait qu’il lui construise un rebord de bois sous la fenêtre de la cuisine pour remettre de la terre. Elle avait découvert qu’à cet endroit la roche arrivait presque à fleur et qu’il était impossible de planter quoi que ce soit sur une si petite épaisseur de terre. Le repas se termina dans le calme quand soudain Paul fît un bond dans sa chaise. Sans mot dire il se précipita au sous sol pour s’emparer d’un mètre et sorti dehors. Il prit une série de mesure sous l’œil interrogateur de Sylvie qui tenait Emilie dans ses bras, puis revins au sous-sol pour reprendre d’autres mesures. Enfin il s’installa devant le bureau de son établi, poussa du bras les outils qui trainaient là, et commençait le tracé d’un plan lorsque les deux femmes de sa vie le rejoignirent. Le voyant frénétiquement tracer son plan et placer ses mesures Sylvie l’interpella « Mais enfin ! Ce n’est pas urgent ! ca pouvait attendre de terminer le dessert ! ». Paul ne répondit pas. Une fois le plan terminé il se leva et alla au fond de la cave. Il déplaça la planche et contempla la porte. Sylvie le rejoignit, inquiète : « Vas-tu me dire ce qu’il y a, à la fin ? ». Paul désigna la porte : « Cette porte. J’ai toujours cru que c’était une ancienne sortie vers le jardin qui avait été condamnée et comblé de l’extérieur. D’après mes calculs elle devrait déboucher sous la fenêtre de la cuisine. ». Sylvie ne comprenait pas : «  mais c’est impossible la roche est presque à nue à cet endroit. ». Paul lui répondit d’une voix absente « C’est justement ce qui m’inquiète ». Paul passa l’après midi à démonter le mur pierre après pierre. Il remonta juste pour le diner et voulu redescendre après. Sylvie eue toutes les peines du monde à l’en empêché et seule la perspective de réveiller sa fille stoppa Paul. Le lendemain matin il reprenait l’ouvrage et termina de sortir les dernières pierres en début d’après midi. Sylvie lui demanda ce qu’il comptait faire maintenant et il répondit qu’il allait dégager quelques mètres cubes de terre pour voir. Il ne put cependant pas répondre à la question qui se posait évidement : pour voir quoi ?

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