Quelle chance de vivre auprès d’un si beau fleuve.
Ce matin, après l’accomplissement du rituel matinal quotidien, levé-lavé-mangé,
j’enjambe mon vélo dans un temps plus brumeux que mon esprit. Pas de le temps
de s’émerveiller, il faut être à l’heure au bureau pour assurer l’astreinte du
matin. Temps brumeux, soleil encore au lit, je décide de prendre par les bords
de Loire pour profiter de la sécurité des quais à défaut d’une piste cyclable
pourtant promis par « l’incontournable » Lemaignan (tiens c’est drôle
le correcteur d’orthographe me propose « dédaignant », il est quand
bien fait !), que les non-Loirétains (Mon dieu que j’ai honte de ce nom) ont
la chance de ne pas connaitre. Arrivé sur les rives ligériennes me voici plongé
dans le monde du silence et ce sans avoir à m’immergé aux côté du célèbre feu
bonnet rouge. Aucune voiture ou presque sur les quais, Un pont déjà figé à l’horizon,
et une tranchée brumeuse sur ma gauche d’où s’élève, entre les ombres
arboricoles, quelques cris de mouettes préférant sans doute le calme d’une ile de sable
à l'agitation des bords de mers chahutés par les marées. La Loire est là, je le sais, mais
elle reste endormie sous sa couette épaisse de brume. Comme si, elle, s’était
offerte une grasse matinée aujourd’hui. Et le monde autour se recueille silencieusement
pour ne pas la réveiller. Les chiens se promènent sans aboyer. Les oiseaux se
taisent. Et moi je survole les quais, prenant soin de ne pas rompre cette
harmonie par un quelconque bruit mécanique. Cette quiétude onirique me berce le
long de cette beauté, allongée, cachée et pourtant maitresse de ces lieux. Un bateau d'un autre temps, surgit de la brume comme un anacronisme poétique. C’est
un crève-cœur que d’en quitter le cours pour traverser cette ville morne pour
rejoindre téléphone et ordinateur qui m’affichent froidement l’heure comme
pour me dire : tu as failli être en retard ! Oui ce matin j’ai failli
être en retard. D’ailleurs j’ai failli ne pas venir, comme à chaque fois que je
pars le long de cette invite au voyage.
lundi 30 septembre 2013
mercredi 4 septembre 2013
Culture et librairie
Ce midi, afin de fuir une fois de plus le bureau, j’ai trouvé un prétexte
pour sortir en ville. Depuis quelques temps je cherche un livre traitant de l’Aïkido
et de l’explication, si possible illustré, de ses techniques. Le sujet étant
précis c’est donc sans grand espoir que j’ai pris le temps de parcourir les
quelques grosses librairies Orléanaises.
Premier arrêt : la FNAC. Malgré mes déceptions précédentes je suis
quand même repassé par la FNAC. Après tout ils m’ont déjà surpris une fois en comprenant
après plusieurs années qu’il était dans leur intérêt de rapprocher la vente en
ligne de leurs boutiques et ce en acceptant, d’une part, que le magasin soit considéré
comme un point relais pour se faire livrer ses achats en ligne et d’autre part,
de faire un point de relais pour le SAV. Et oui, pour ceux qui ne le savait
pas, il y a encore quelques années, il était hors de question d’arriver en
magasin avec une réclamation sur un article acheté en ligne : « Ah
non monsieur ! Le site internet FNAC et le magasin FNAC ce n’est pas la
même chose (?!?) : il faut renvoyer votre article par la poste ! »
…SIC. Bon au final, pour la littérature comme pour le reste la FNAC reste pour
moi le temple de l’inculture. On arrive à l’étage face à un mur des meilleures
ventes et autre « incontournables » : une vingtaines de
références surexposées avec un stock considérable. Ensuite viennent les rayons,
nombreux, divers et épars ou l’on est rassuré par une impression de diversité. Finalement,
lorsque l’on arrive dans le rayon qui nous intéresse, on s’aperçoit qu’il est
tout petit et comporte très peu de références. En allant voir d’autres rayons
on s’aperçoit rapidement que c’est le même problème partout.
Exit donc la FNAC, je descends vers Chapitre, longeant à regrets ma
librairie préférée CHANTELIVRE où je sais que malheureusement il n’y a pas de
rayon traitant de ce que je recherche. J’arrive donc dans ce qui fait suite et
honte à la célèbre librairie Loddé, connue et reconnue lorsqu’elle était encore
sous les arcades. En entrant j’ai été surpris de trouver un espace si dégagé.
Je m’explique : lorsque Loddé a été racheté par Privat qui a souhaité
profiter du nom pour s’installer sur Orléans, ils ont ouvert un grand magasin
sur la nouvelle place de la république. Malgré ma déception de voir disparaitre
ce temple du livre aux passages étroits entre des étagères reliant le sol au
plafond et croulant sous le poids des livres entassés, j’ai, à l’époque, été
agréablement surpris par le parti pris de créer une impression d’espace en laissant
le champ de vision libre avec des présentoirs de hauteur limité. L’équilibre
visuel était atteint entre une vision supérieure dégagée jusqu’aux quatre coins
du magasin et, pour la partie inférieure, une densité de livres entre lesquels
les clients circulaient. Mais aujourd’hui cet équilibre n’existe plus. Les
présentoirs se sont raréfiés et dégarnis. Du coup l’enseigne réussit l’exploit
de nous donner l’illusion d’un désert sans sable et en pleine ville. Une mer
calme où flotte quelques récifs dégagés sur lesquels, tels des mouettes endormies,
les livres reposent.
Par dépit et ayant encore un peu de temps à perdre avant de retourner au
bureau une fois que les collègues seraient partis déjeuner, je décide de pousser
jusqu’à la nouvelle librairie dont j’ai déjà oublié le nom située sur la place
de Loire. Cette librairie ne m’avait pas donné confiance lors de ma première
visite pendant les fêtes de noël ou j’avais l’impression de trouver plus de
produits dérivés que de vrais ouvrages. Je vous rassure, ma seconde visite a
détrompé la première : c’est pire que ce que je croyais ! On arrive
dans une ambiance très raffinée ou les livres ne sont pas entassés mais joliment
présentés sur de belles étagères noires estampillées Ikea. Ils sont d’autant
plus joliment étalés que chaque étagère ne compte qu’un nombre d’exemplaire
très limité. Comme partout ailleurs on y retrouve quelques références
comprenant des lieux communs, des ouvrages récompensées ou estampillés. Bref,
du « facile à vendre ». En dehors de ca … Hormis le fait de pouvoir
rassurer ceux qui penseraient qu’en littérature on peut faire du : « Pas
beaucoup, mais de qualité » il n’y a pas grand-chose.
Au final je suis retourné au bureau avec cette réflexion en tête :
Comment, aujourd’hui, avoir le goût de découvrir de de nouvelles choses en
littérature ? J’ai souvenir de bibliothèques où l’on trouvait de
nombreuses références à consulter et où « faire son choix » prenait
tout son sens. Une époque où les vendeurs aimaient lire et où pour les recruter
on ne se contentait pas de savoir si ils avaient un bac ES. Bon ok je suis
conscient de passer pour un vieux con réactionnaire mais quand même !
Aujourd’hui heureusement que j’ai encore CHANTELIVRE sinon je serais vraiment
malheureux ! Bon il y a toujours le bouche-à-oreille pour découvrir de
nouvelles choses. Il y a aussi internet qui n’est finalement qu’un nouvelle
outil technique de ce bouche-à-oreille. Il y a aussi quelques émissions littéraires
qui survivent en prenant des créneaux de moins en moins accessibles, cédant
leur place au crétinisme de la télé-réalité où l’on découvre qu’il peut y avoir
plus stupide que le téléspectateur : le téléspectateur qui fait sa télé !
Mais finalement et de plus en plus on nous dit aussi en littérature quoi
consommer. A nous bourrer le crâne avec des prix, des « incontournables »
tous plus mal écrits les uns que les autres. Car aujourd’hui il ne faut pas
bien écrire pour vendre, c’est comme pour tout : le marketing replace la
qualité. Dernière preuve en date, faisant suite à Harry Potter, la série des 50
nuances (« fifty shade » pour les anglophiles). J’ai commis la grave
erreur d’acheter le premier avant d’en lire quelques pages. Bien mal m’en prit :
c’est atrocement mal écrit ! Et pourtant ces livres se sont vendus à des
millions d’exemplaires ! Je comprends la problématique économique des
librairies : l’espace est chère et le stockage n’est plus dans l’air du
temps commercial. Une librairie ne peut apparemment plus se permettre d’avoir
un stock important et de multiplier les références. Les librairies qui nous ont
fait rêvés comme Loddé n’existent plus ou plus pour longtemps. Pourtant on
trouve quand même des ilots de sérénité, tel que la librairie CHANTELIVRE,
place du Martroi. Le rayon enfant y est particulièrement exceptionnel ! Un
régal pour les petits et les grands, de très nombreuses références, des
vendeuses disponibles pour nous conseiller, qui connaissent et aiment parler
des livres qu’elles présentent. Alors à quoi tiens la réussite de cette
librairie ? Pour moi cela tiens à deux choses : déjà éviter de se
disperser sur tous les sujets et ensuite avoir de bon vendeur. Avoir en face de
soi quelqu’un qui aime les livres et sait vous en parler aide à découvrir de nouvelles
choses car finalement en magasin, sur un blog, entre amis ou en écoutant une
bonne émission le procédé est le même : pour avoir envie de lire un livre
il faut quelqu’un qui sache vous transmettre cette envie. Pour l’achat ?
Heureusement nous avons internet !
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