lundi 30 septembre 2013

Quiétude


Quelle chance de vivre auprès d’un si beau fleuve. Ce matin, après l’accomplissement du rituel matinal quotidien, levé-lavé-mangé, j’enjambe mon vélo dans un temps plus brumeux que mon esprit. Pas de le temps de s’émerveiller, il faut être à l’heure au bureau pour assurer l’astreinte du matin. Temps brumeux, soleil encore au lit, je décide de prendre par les bords de Loire pour profiter de la sécurité des quais à défaut d’une piste cyclable pourtant promis par « l’incontournable » Lemaignan (tiens c’est drôle le correcteur d’orthographe me propose « dédaignant », il est quand bien fait !), que les non-Loirétains (Mon dieu que j’ai honte de ce nom) ont la chance de ne pas connaitre. Arrivé sur les rives ligériennes me voici plongé dans le monde du silence et ce sans avoir à m’immergé aux côté du célèbre feu bonnet rouge. Aucune voiture ou presque sur les quais, Un pont déjà figé à l’horizon, et une tranchée brumeuse sur ma gauche d’où s’élève, entre les ombres arboricoles, quelques cris de mouettes préférant sans doute le calme d’une ile de sable à l'agitation des bords de mers chahutés par les marées. La Loire est là, je le sais, mais elle reste endormie sous sa couette épaisse de brume. Comme si, elle, s’était offerte une grasse matinée aujourd’hui. Et le monde autour se recueille silencieusement pour ne pas la réveiller. Les chiens se promènent sans aboyer. Les oiseaux se taisent. Et moi je survole les quais, prenant soin de ne pas rompre cette harmonie par un quelconque bruit mécanique. Cette quiétude onirique me berce le long de cette beauté, allongée, cachée et pourtant maitresse de ces lieux. Un bateau d'un autre temps, surgit de la brume comme un anacronisme poétique. C’est un crève-cœur que d’en quitter le cours pour traverser cette ville morne pour rejoindre téléphone et ordinateur qui m’affichent froidement l’heure comme pour me dire : tu as failli être en retard ! Oui ce matin j’ai failli être en retard. D’ailleurs j’ai failli ne pas venir, comme à chaque fois que je pars le long de cette invite au voyage.

mercredi 4 septembre 2013

Culture et librairie

 
 
Ce midi, afin de fuir une fois de plus le bureau, j’ai trouvé un prétexte pour sortir en ville. Depuis quelques temps je cherche un livre traitant de l’Aïkido et de l’explication, si possible illustré, de ses techniques. Le sujet étant précis c’est donc sans grand espoir que j’ai pris le temps de parcourir les quelques grosses librairies Orléanaises.
Premier arrêt : la FNAC. Malgré mes déceptions précédentes je suis quand même repassé par la FNAC. Après tout ils m’ont déjà surpris une fois en comprenant après plusieurs années qu’il était dans leur intérêt de rapprocher la vente en ligne de leurs boutiques et ce en acceptant, d’une part, que le magasin soit considéré comme un point relais pour se faire livrer ses achats en ligne et d’autre part, de faire un point de relais pour le SAV. Et oui, pour ceux qui ne le savait pas, il y a encore quelques années, il était hors de question d’arriver en magasin avec une réclamation sur un article acheté en ligne : « Ah non monsieur ! Le site internet FNAC et le magasin FNAC ce n’est pas la même chose (?!?) : il faut renvoyer votre article par la poste ! » …SIC. Bon au final, pour la littérature comme pour le reste la FNAC reste pour moi le temple de l’inculture. On arrive à l’étage face à un mur des meilleures ventes et autre « incontournables » : une vingtaines de références surexposées avec un stock considérable. Ensuite viennent les rayons, nombreux, divers et épars ou l’on est rassuré par une impression de diversité. Finalement, lorsque l’on arrive dans le rayon qui nous intéresse, on s’aperçoit qu’il est tout petit et comporte très peu de références. En allant voir d’autres rayons on s’aperçoit rapidement que c’est le même problème partout.
Exit donc la FNAC, je descends vers Chapitre, longeant à regrets ma librairie préférée CHANTELIVRE où je sais que malheureusement il n’y a pas de rayon traitant de ce que je recherche. J’arrive donc dans ce qui fait suite et honte à la célèbre librairie Loddé, connue et reconnue lorsqu’elle était encore sous les arcades. En entrant j’ai été surpris de trouver un espace si dégagé. Je m’explique : lorsque Loddé a été racheté par Privat qui a souhaité profiter du nom pour s’installer sur Orléans, ils ont ouvert un grand magasin sur la nouvelle place de la république. Malgré ma déception de voir disparaitre ce temple du livre aux passages étroits entre des étagères reliant le sol au plafond et croulant sous le poids des livres entassés, j’ai, à l’époque, été agréablement surpris par le parti pris de créer une impression d’espace en laissant le champ de vision libre avec des présentoirs de hauteur limité. L’équilibre visuel était atteint entre une vision supérieure dégagée jusqu’aux quatre coins du magasin et, pour la partie inférieure, une densité de livres entre lesquels les clients circulaient. Mais aujourd’hui cet équilibre n’existe plus. Les présentoirs se sont raréfiés et dégarnis. Du coup l’enseigne réussit l’exploit de nous donner l’illusion d’un désert sans sable et en pleine ville. Une mer calme où flotte quelques récifs dégagés sur lesquels, tels des mouettes endormies, les livres reposent.
Par dépit et ayant encore un peu de temps à perdre avant de retourner au bureau une fois que les collègues seraient partis déjeuner, je décide de pousser jusqu’à la nouvelle librairie dont j’ai déjà oublié le nom située sur la place de Loire. Cette librairie ne m’avait pas donné confiance lors de ma première visite pendant les fêtes de noël ou j’avais l’impression de trouver plus de produits dérivés que de vrais ouvrages. Je vous rassure, ma seconde visite a détrompé la première : c’est pire que ce que je croyais ! On arrive dans une ambiance très raffinée ou les livres ne sont pas entassés mais joliment présentés sur de belles étagères noires estampillées Ikea. Ils sont d’autant plus joliment étalés que chaque étagère ne compte qu’un nombre d’exemplaire très limité. Comme partout ailleurs on y retrouve quelques références comprenant des lieux communs, des ouvrages récompensées ou estampillés. Bref, du « facile à vendre ». En dehors de ca … Hormis le fait de pouvoir rassurer ceux qui penseraient qu’en littérature on peut faire du : « Pas beaucoup, mais de qualité » il n’y a pas grand-chose.
Au final je suis retourné au bureau avec cette réflexion en tête : Comment, aujourd’hui, avoir le goût de découvrir de de nouvelles choses en littérature ? J’ai souvenir de bibliothèques où l’on trouvait de nombreuses références à consulter et où « faire son choix » prenait tout son sens. Une époque où les vendeurs aimaient lire et où pour les recruter on ne se contentait pas de savoir si ils avaient un bac ES. Bon ok je suis conscient de passer pour un vieux con réactionnaire mais quand même ! Aujourd’hui heureusement que j’ai encore CHANTELIVRE sinon je serais vraiment malheureux ! Bon il y a toujours le bouche-à-oreille pour découvrir de nouvelles choses. Il y a aussi internet qui n’est finalement qu’un nouvelle outil technique de ce bouche-à-oreille. Il y a aussi quelques émissions littéraires qui survivent en prenant des créneaux de moins en moins accessibles, cédant leur place au crétinisme de la télé-réalité où l’on découvre qu’il peut y avoir plus stupide que le téléspectateur : le téléspectateur qui fait sa télé ! Mais finalement et de plus en plus on nous dit aussi en littérature quoi consommer. A nous bourrer le crâne avec des prix, des « incontournables » tous plus mal écrits les uns que les autres. Car aujourd’hui il ne faut pas bien écrire pour vendre, c’est comme pour tout : le marketing replace la qualité. Dernière preuve en date, faisant suite à Harry Potter, la série des 50 nuances (« fifty shade » pour les anglophiles). J’ai commis la grave erreur d’acheter le premier avant d’en lire quelques pages. Bien mal m’en prit : c’est atrocement mal écrit ! Et pourtant ces livres se sont vendus à des millions d’exemplaires ! Je comprends la problématique économique des librairies : l’espace est chère et le stockage n’est plus dans l’air du temps commercial. Une librairie ne peut apparemment plus se permettre d’avoir un stock important et de multiplier les références. Les librairies qui nous ont fait rêvés comme Loddé n’existent plus ou plus pour longtemps. Pourtant on trouve quand même des ilots de sérénité, tel que la librairie CHANTELIVRE, place du Martroi. Le rayon enfant y est particulièrement exceptionnel ! Un régal pour les petits et les grands, de très nombreuses références, des vendeuses disponibles pour nous conseiller, qui connaissent et aiment parler des livres qu’elles présentent. Alors à quoi tiens la réussite de cette librairie ? Pour moi cela tiens à deux choses : déjà éviter de se disperser sur tous les sujets et ensuite avoir de bon vendeur. Avoir en face de soi quelqu’un qui aime les livres et sait vous en parler aide à découvrir de nouvelles choses car finalement en magasin, sur un blog, entre amis ou en écoutant une bonne émission le procédé est le même : pour avoir envie de lire un livre il faut quelqu’un qui sache vous transmettre cette envie. Pour l’achat ? Heureusement nous avons internet !