Après avoir parcourus de long en large l'ensemble de mes supports informatiques j'ai fait l'affreux constat suivant :
j'ai perdu la moitié de mes textes !
Heureusement j'ai conservé les trois plus importants que j'ai publié sur le site depuis mais reste plus rien.
A quoi sert d'avoir 3 ordinateurs, 5 clés USB, 8 disques durs des pléthores de cd et dvd pour finalement n'avoir aucune sauvegarde de son travail.
Snif.
Enfin cela me conforte au moins dans mon effort d'avoir publié mes nouvelles sur ce blog. Au moins il en restera une trace !
Sinon merci à tout ceux qui sont venu lire les textes et me donner leur avis et n'hésitez pas à continuer !
Christophe
jeudi 29 novembre 2012
Romance à Portsmouth -3- Helena
En descendant
pour prendre mon petit déjeuner le patron me prévins qu’une jeune demoiselle
était passée ce matin et qu’elle me faisait dire qu’elle m’attendrait ce midi
au pied du phare pour un déjeuner champêtre. Je fus surpris de savoir qu’elle
était déjà au courant de ma présence alors que je ne l’avais pas prévenu de ma
visite. Le patron me voyant stupéfait me rassura en m’indiquant que le village
entier était déjà au courant de mon arrivée. Il me confirma que les gens du
coin n’avaient pas l’habitude de voir des étrangers et qu’ils étaient très
superstitieux. Je lui demandai s’il lui était possible de me préparer de quoi
déjeuner dehors ce midi et il m’indiqua que la demoiselle avait déjà tout
prévu. Avant que j’ai eu le temps de l’interroger sur Helena il disparu en
cuisine me laissant seul avec mes questions. N’ayant rien de particulier à
faire le matin je restai dans ma chambre à travailler mes notes. La matinée
passa rapidement et l’heure du déjeuné arriva bientôt. Je sorti sous un ciel
dégagé dans une fin de matinée ensoleillée et agréable. Une légère brise
apportait les embruns et une multitude d’oiseaux planaient doucement au dessus de
nos têtes. La lumière était douce et le soleil jouait à cache-cache avec les
rares nuages. Je flânai le long du port en attendant la demoiselle quand un
appel dans mon dos me fit sortir en sursautant de ma rêverie. Plein
d’appréhension je me retournai doucement et découvrir une ravissante demoiselle
d’une vingtaine d’année une main tenant son chapeau et l’autre soutenant un
panier remplis. Elle portait une robe finement ouvragée de couleur bleue pâle
dont la jupe comportait nombreux voilage tous parfaitement ajustés entre eux
ainsi qu’un corsage brodé mettant en valeur les lignes généreuses de son corps
menu de femme citadine. Ma première impression fût que son raffinement et son
élégance tranchait avec ce lieu plutôt modeste et terne. Il ne fît aucun doute
pour moi qu’elle ne pouvait qu’habiter le vieux manoir dont je m’étais approché
hier soir. Elle m’adressa un sourire radieux en me saluant. Je lui rendis son
bonjour en lui exprimant ma surprise de la voir m’attendre alors que je ne l’avais
pas prévenu de ma visite. Elle me dit qu’elle avait été prévenue de mon arrivée
et qu’elle s’attendait depuis quelques temps à ce que je lui rende visite. Je
lui fis mile compliment quand à sa beauté, sa tenue et sa charmante attention me
désolant de me comporter comme le dernier des rustres en arrivant ici sans
prévenir ni organiser mon arrivée. Elle se mit à rire avec légèreté et me posa
un baiser sur la joue en me répondant que mon désir de lui rendre visite était
la plus charmante des attentions et qu’elle excusait pleinement mon
empressement. Elle m’indiqua que le meilleur endroit pour déjeuner était la
pointe du vieux phare d’où nous pourrions avoir une magnifique vue sur la baie
et le village. J’acquiesçai en lui et lui proposa fort galamment de la soulager
de son panier. Nous marchâmes tous deux vers le vieux phare le long de la
corniche par un vieux sentier courant irrégulièrement entre les buissons. Je me
rendis vite compte que j’avais eu raison de ne pas m’aventurer de nuit ici.
Nous passâmes le chemin à discuter de la région. Malgré les nombreuses
informations dont elle m’avait déjà fait part par écrit elle regorgeait encore
de petites anecdotes et me fît observer tant de curiosité, de points de vue sur
des détails du paysage que je me dis qu’elle avait dû passer toute son enfance
à parcourir les alentours du village. Tout en continuant de l’écouter
j’essayais de l’imaginer enfant. Elle avait dû être une petite fille espiègle
mais capable de la plus grande écoute et du sérieux propre aux adultes quand il
le fallait. Elle était ravissante et sa conversation était délicieuse. Nous
arrivâmes sans nous en rendre compte au pied du phare. A l’inverse des
alentours du manoir, la corniche était ici complètement dégagée et une prairie
parsemée de rochers couvrait la colline. Un arbre unique et centenaire trônait
au milieu de ce lieu idyllique, un vieux cèdre au branchage tordu et malmené
par les éléments qui en faisait un nœud compact de branches solides, vision qui
me fît penser à la structure même du village : ramassé et prêt à affronter
toutes les agressions extérieurs.
Nous nous
installâmes à son pied et j’étendais la couverture pendant qu’Helena vérifiais
le contenu de son panier. Elle avait préparé un délicieux repas et je me
régalais. Ne la voyant toucher à rien elle m’expliqua qu’elle était malade et
qu’elle avait suffisamment déjeuné ce matin pour tenir la journée. Je
m’inquiétais sur sa santé mais elle esquiva la conversation en me demandant ce
que je pensais de leur village. Je commençais par regretter l’austérité des
villageois sans doute du à l’isolement du village et voyant que ces critiques
l’attristait j’enchaînai rapidement sur la beauté du paysage et la conservation
de la côte sauvage. Elle me sourit de nouveau à ces paroles et je réalisai que
je ne souhaitais plus rien d’autre que de la faire sourire. Elle m’expliqua
qu’en dépit de leur froideur extérieure les habitants du village étaient
solidaires et généreux. Ils étaient tout simplement craintif de ce qui venait
de l’extérieur et craignaient que la tranquillité de ces lieux se perde un
jour, dénaturé par quelques étrangers. C’est pourquoi ils rejetaient tout
contact avec l’extérieur. En fin de
repas alors que je me roulais une cigarette adossé au vieux cèdre elle rosi
légèrement en m’interrogeant sur les motivations de ma visite. Je pris une
longue inspiration, le temps de juger qu’il était trop tôt pour lui dire que
j’étais venu uniquement pour elle, puis lui répondit que je souhaitais voir de
mes propres yeux ce village sur lequel je passait tant de temps d’étude et que
cela me permettais de lier l’utile à l’agréable en lui rendant enfin visite
après une si longue correspondance. Elle sourit timidement comprenant mes vrai
motivations puis resta pensive le regard flottant dans l’étendu maritime. La
laissant à sa réflexion j’observais en détail le phare. C’était une vieille
construction solidement arrimée au promontoire rocheux. La végétation
s’étendait à son pied sans pour autant envahir sa façade comme si la nature
acceptait sa présence et s’en accommodait. Une volée de marche conduisait à une
solide porte. D’après ce qu’il pouvait voir les murs avaient l’air très épais
et il ne doutait pas que le vent devait être rude ici lorsque les éléments se
déchainaient. Pas de fenêtres mais de petites ouvertures faisant penser à des
meurtrières de château fort apparaissaient de part et d’autre de l’édifice. Au
sommet un plateau et une poulie indiquaient qu’à l’origine le phare
fonctionnait au bois. Remarquant mon intérêt pour le bâtiment, Helena m’indiqua
qu’il s’agissait à l’origine d’une tour à feu construite pour éclairer la nuit
le retour des bateaux de pêches rentrant tardivement de la pêche. La structure
avait été conservée pour le remplacement du bucher par une lampe de phare plus
moderne. Elle m’expliqua que l’originalité de ce phare était de fonctionner à
partir d’une génératrice à bois. Cette fonctionnalité avait été décidée par les
habitants, officiellement pour conserver la mémoire de la tour à feu.
Officieusement ils voyaient d’un mauvais œil le passage régulier de citernes de
fioul qui serraient venues ravitailler le phare. Le phare était actuellement
habité par deux frères qui se relayaient chaque soir pour surveiller son bon
fonctionnement. Helena se mît à rire quand je lui demandai si ils vivaient tous
deux à l’intérieur d’un endroit qui paraissait si sinistre et m’indiqua qu’ils
vivaient dans la dernière maison de ce côté ci du village. Elle me promit de
m’emmener un jour visiter l’intérieur du phare afin de me rendre compte par
moi-même qu’il était impossible d’y vivre. Lorsqu’elle vît que je contemplais
la falaise en direction du manoir elle me proposa d’aller faire une ballade en
barque au pied des falaises. J’acquiesçai et nous redescendîmes tranquillement
au village.
Nous passâmes
l’après midi tranquillement en bordure de mer. La mer était calme et je pouvais
conduire la barque assez facilement. Comme Helena l’avait dit la vue en
contrebas des falaises était magnifique et elle me fît visiter de nombreuses
petites grottes creusées par les marées. Ces petites niches ressemblaient à des
cavernes fantastiques regorgeant d’historie de piraterie et de contrebande. On
imaginait des forbans de tous temps surveiller l’entrée de leur repaire. Elle
me raconta qu’elle avait été une enfant espiègle et avide d’exploration. Elle
avait inspecté durant ses jeunes années chacune de ces cavités et elle n’y
avait malheureusement trouvé que ce que son imagination y inventait. Mettant
constamment ses parents dans l’inquiétude elle n’avait eu de cesse de découvrir
tous les petits bijoux que pouvait receler ce lieu idyllique. Je fini par lui avouer
que je trouvais moi-même ce lieu des plus charmants.
Romance à Portsmouth -2- Premières impressions
On frappa
soudainement à la porte et je sursautai, sorti brusquement de ma rêverie. Je
répondis et on m’indiqua que le repas allait être servi. Je descendis dans la
grande salle et vis que les tables avaient étés réunies et que les convives
étaient pour la plupart restés pour le soupé. Tout le monde était déjà attablé
et je m’installai naturellement à la seule place inoccupée. Personne ne pris
attention à moi. Mes voisins étaient de vieux pêcheurs qui discutaient sur les
réparations des embarcations et la façon dont ils allaient s’organiser. Le
repas se passa sur ces préoccupations piscicoles et personne ne m’adressa la
parole. Ma présence semblait tolérée car elle constituait une source de revenue
pour leur hôte mais les villageois, tellement habitués à leur autarcie,
semblaient mépriser tout ce qui venait d’au-delà des bois. A la fin du repas,
désireux de me dégourdir un peu les jambes après ce long voyage, je demandai au
patron jusqu’à quelle heure il laissait la porte d’entrée ouverte. Il me
répondit qu’il ne la fermait pas et que je pouvais rentrer à l’heure que je
souhaitais tant que je prenais soin de ne pas déranger les autres occupants. Je
retins une interrogation, n’ayant vu personne d’étranger au village à table, et
me dis qu’il serait préférable de ne pas ternir l’humeur du seul homme qui
m’adressait la parole ici.
Dehors la nuit
était tombée et la pluie avait cessé de tomber. Je me promenai sur la jetée
pendant quelques minutes puis hésita quand à ma destination. Je ne voulais pas
me risquer de nuit sur les falaises escarpées menant au phare à la merci du
moindre nid de poule ou autre piège susceptible de me faire tomber à quelques
mètres d’une chute fatale. Les petites rues tortueuses ne m’inspiraient pas
plus confiance et, vu leur attitude, je ne souhaitais pas rencontrer de nuit
quelques pêcheurs suffisamment éméchés pour trouver drôle de malmener un
étranger de passage. J’empruntai donc le chemin dégagé qui montait en direction
du vieux manoir. Le chemin passait suffisamment loin de la corniche pour ne
courir aucun risque. Le long du chemin avaient été planté de petits buissons
qui avaient été laissés à l’abandon depuis très longtemps. En s’approchant du
manoir je constatai qu’aucune lumière ne s’en échappait. Cela me surpris car la
soirée n’était pas trop avancée et il semblait surprenant que tous les
occupants dorment déjà. Je m’approchai tranquillement du manoir en espérant ne
pas déranger quelque chien de garde. La forêt bordait le chemin sur les cent
derniers mètres. A quelques mètres du portail un petit chemin s’enfonçait entre
les arbres. Le manoir avait l’air très vieux mais n’avait pas l’air abandonné.
La toiture était en bon état et le lourd portail en fer forgé était tenu par un
cadenas fermement attaché. Je laissai là le manoir et décida d’aller regarder
du côté du petit sentier. Ce sentier n’avait pas dû être pratiqué pendant de
nombreuses années et la nature avait commencé à reprendre ses droits. Une
étrange curiosité me poussait en avant malgré moi. Au bout de quelques dizaines
de mètres le chemin débouchait sur une petite clairière entourée sur trois côtés
par des grilles. Quelques tombes reposaient au milieu formant ce qui semblait
être un petit cimetière familial. Je m’approchai des tombes pour lire le nom de
cette famille quand je fus dérangé par un bruit de feuillage suivit d’un rire
d’enfant. Je me retournai brusquement pour voir d’où provenaient ces bruits. Je
ne vis personne et le souvenir du rire d’enfant me donna des frissons dans le
dos. Que faisait un enfant seul et si tard dehors et pourquoi riait il. Sans me
retourner je sorti des bois. Aucun autre son n’était venu briser le silence et
tout semblait tranquille. Mal à l’aise je redescendis immédiatement vers le
village et décida qu’il était temps d’aller me coucher. Tout le long du chemin
je senti une présence dont je n’arrivais à me défaire. En arrivant au village
je rentrai directement à l’auberge et me glissa aussitôt dans mon lit. Je fini
par rire de tout ceci en me disant que j’avais sans doute dérangé un animal
nocturne et que mon imagination avait fait le reste et m’endormi sur ces
explications rassurantes. Mon sommeil fut agité et je me réveillai
difficilement le lendemain matin.
Romance à Portsmouth -1- Arrivée
Lentement, la
diligence fantomatique descendait la route parcourant telle une cicatrice
l’épaisse forêt des alentours de Portsmouth. Ces bois, sombres et denses
semblaient impénétrables tant les arbres avaient poussé les uns sur les autres
mélangeant leurs branches en un véritable mur végétal. Cette atmosphère
oppressante était amplifiée par la pluie battante tombant depuis plusieurs
heures sur la région. Dans la voiture deux vieilles dames se blottissaient
l’une contre l’autre sans mot rien, me jetant de temps à autres des regards
froids comme si ma bonne humeur n’était pas de mise en ces circonstances.
Pourtant rien n’aurait pu ôter le sourire de mon visage ce soir. J’allais
bientôt arriver à Portsmouth et rencontrer celle avec qui j’avais établi depuis
quelques mois une correspondance de plus en plus passionnée. Doucement mon
esprit s’enfonça dans ma mémoire. J’étais étudiant en histoire et j’avais
choisi comme sujet de thèse le développement de la pêche dans les ports de la
nouvelle Angleterre au cours du siècle dernier. En faisant ce choix j’espérais
décrocher plus facilement mon doctorat qu’avec un sujet plus classique. N’ayant
pas beaucoup de moyens pour me déplacer j’avais passé, il y a quelques mois,
des annonces et étais entré en contact avec des correspondants dans les
différents villages côtiers de la région. Ayant bien souvent eu affaire à de
vieux enfants du pays ayant passés leur vie à entretenir la mémoire du village
j’avais été très agréablement surpris de faire la connaissance d’Helena, jeune
femme instruite connaissant parfaitement l’histoire de ce petit port de pêche
et qui devins naturellement mon contact en ce lieu. Cette correspondance fut
assez fructueuse pour que je consacre la moitié de mon étude à ce seul village.
Helena, vers qui mes pensées étaient dorénavant tournées, m’a énormément aidé
dans ma tache et c’est autant pour la remercier en personne que pour rencontrer
celle dont j’attendais impatiemment la moindre lettre que j’étais venu à
Portsmouth.
La diligence
franchit une dernière colline et Portsmouth nous apparut enfin. En cette fin
d’après midi une douce lumière éclairait le vieux village qui semblait ramassé
sur lui-même, blottit au fond d’une cuvette en bordure de mer. Totalement
isolé, le village était acculé à la mer et entouré par cette impénétrable forêt
qu’une unique route traversait. Une petite rivière descendant des bois coupait
le village en deux avant de se jeter dans l’immensité océanique. Tels de
sombres oiseaux impassibles sur un rocher, les maisons se dressaient sur les
flancs des collines et le centre du village était un enchevêtrement de petites
rues sinueuses et humides. Le village n’était pas accueillant mais une certaine
chaleur semblait s’en dégager. En ce début d’automne les premières fumées
s’échappaient tranquillement des cheminées tandis que la plupart des
embarcations étaient au sec pour être réparées pendant l’hiver. Arrivée enfin à
destination la diligence s’arrêta à l’entrée du village. Les deux petites
vieilles sautèrent promptement de la voiture et empruntèrent d’un pas pressé
les ruelles avoisinantes. La première chose que je fit en sortant fut de
m’emplir les poumons de cet air d’embruns unique que l’on ne trouve que dans
ces petits villages côtiers. Puis, je me retournai vers le conducteur pour
lui demander s’il connaissait une auberge où je pourrais séjourner. Le cochet
tourna un visage inexpressif vers moi et me répondit qu’il devait y avoir un
établissement sur le rivage susceptible de m’accueillir. Puis, sans attendre,
il lança ses chevaux sur le trajet du retour. Je regardai la diligence
s’éloigner doucement dans le crépitement de la pluie puis, prenant conscience
subitement de la pluie trouva refuge sous le premier porche venu avant de
m’interroger sur le chemin menant au port. Je m’enfonçai dans les rues étroites
laissant le hasard me guider jusqu’au front de mer. Le village était calme en
cette fin de journée d’octobre. Les rues étaient étroites et désertes. Les maisons, d’un aspect rudimentaire mais entretenu,
semblaient habitées mais aucun son ni signe d’activité ne s’en échappait.
Seules les lumières et fumées s’élevant des cheminées trahissaient la présence
humaine. Je suivis un chemin qui serpentait entre les maisons débouchant sur de
petites places et parsemé de petits escaliers épars donnant à cette rue à
palier un aspect très pittoresque. La rue enjamba soudainement la rivière par
un petit pont de pierre entre deux ensembles de maisons puis vira brusquement
avant de descendre doucement vers le port. La pluie redoublait et je pressai le
pas. J’arrivai sur un front de mer désert et, sans prendre le temps d’admirer
la vue, cherchai du regard un bâtiment qui pourrait ressembler à une auberge.
J’aperçus non loin un bâtiment légèrement plus haut que les autres qui
correspondait à mes attentes. Une enseigne représentant un squelette de poisson
gravé sur une choppe pendait tristement à sa potence. En dehors de ce symbole
rien n’indiquait qu’il s’agissait d’une taverne : pas de nom, pas de
tables dehors, juste une lourde porte de chêne et des fenêtres crasseuses qui
ne laissaient passées qu’une faible lumière. L’intérieur contrastait avec
l’extérieur. Il faisait chaud et l’air était saturé de fumée. Un plafond bas
amplifiait l’ambiance oppressante du lieu. La salle était de composition
classique : un bar où les plus fidèles siégeaient sur leur tabouret et
quelques tables où d’autres villageois se réunissaient. On ne pouvait pas dire
que l’accueil était chaleureux. Quelques têtes s’étaient tournées à l’ouverture
de la porte puis, ne reconnaissant pas l’un des leur, les occupants s’en
étaient retournés à leurs occupations. Je m’approchai du comptoir où le patron
impassible continuait à essuyer ses verres sans me prêter la moindre attention.
Je demandai s’il était possible de louer une chambre pour la nuit. Le patron me
jaugea du regard puis me répondit qu’il pouvait me trouver une chambre mais qu’il
fallait payer d’avance. Je payai pour trois nuits puis, suivant les
indications, montai poser mes affaires. La chambre était sommairement équipée
mais propre et avec une belle vue sur la mer. Un petit placard prévu à cet
effet fut bientôt rempli avec le contenu de ma valise. Le temps de disposer
quelques affaires de toilettes dans la salle de bain et je se sentis déjà à
l’aise dans cette chambre. Après tout elle n’était gère différente de ma
chambre d’étudiant. Les bruits de la salle n’arrivaient pas jusqu’ici et
d’après la disposition je devinai que je devais me trouver au-dessus des
cuisines. La pluie s’était arrêtée mais la nuit allait tomber ainsi je décidai
de resta là à contempler la vue depuis la fenêtre. Le bord de mer était plutôt
agréable. Le village était installé dans une crique bordée par des falaises.
Les maisons étaient serrées les unes contre les autres jusqu’à la naissance des
promontoires. A la pointe sud trônait la tour du phare accroché le long de la
falaise tel un pieu solitaire rappelant la présence de l’homme alors que le
village encaissé semblait lui se dissimuler des regards. En face un manoir
faisait front à la mer, étrangement isolé comme si le village l’avait rejeté.
Les abords ne semblaient pas entretenus ce qui lui donnait un côté sombre et
interdit. Je me demandai où pouvait bien habiter Helena et surtout comment
pouvait-elle faire pour rester ici alors qu’elle semblait instruite et aurais
du étudier dans une grande ville. Mon intuition me fit machinalement regarder
dans la direction du manoir. Si une telle personne habitait réellement ici elle
était forcément installée au manoir.
mardi 27 novembre 2012
La porte - 6 - décadence
Au
bout de trois jours, Sylvie appela Stéphane. Elle lui expliqua ce qui s’était
passé et lui dit que personne n’avait réussit à joindre Paul, mais elle
craignait de retourner seule chez elle. Elle avait peur de son mari, peur qu’il
soit devenu fou. Paul lui conseilla d’appeler à son bureau. Là on lui apprit
que Paul ne s’était pas présenté à son poste depuis le weekend et que personne
ne répondait chez eux. Sylvie demanda à parler au directeur de la société et
lui expliqua rapidement ce qui se passait en lui demandant de ne pas ébruiter
la chose. Elle lui dit qu’elle le tiendrait au courant dès qu’il y aurait du
nouveau. Le patron de Paul accepta de ne rien dire et de le mettre en congé
pour la durée de son absence. Paul était un bon élément et il s’entendait bien
avec sa hiérarchie. Aussitôt raccroché elle contacta Stéphane. Ce dernier lui
dit qu’il allait tout de suite venir et qu’avec le père de Sylvie ils iraient
voir Paul ensemble. Une heure après les
deux hommes montèrent dans la voiture de Paul pendant que la mère de Sylvie
réconfortait sa fille effondrée. Emilie ne comprenait pas tout ce qui se passait
et jouait tranquillement dans son parc. Lorsque les deux hommes arrivèrent, ils
virent de la lumière au sous sol et Stéphane compris qu’en proie à son
obsession Paul continuait à creuser sans relâche. Stéphane ne pu s’empêcher de
penser que ce qu’il creusait avec tant d’acharnement était en fait le tombeau
de sa raison. A l’instant où ils mirent pied à terre ils entendirent un grand
bruit derrière la maison. Stéphane couru vers le jardin et, au moment où il
passa l’angle du bâtiment, il comprit ce qu’il s’était passé. Un trou immense
s’était creusé au pied du mur extérieur de la cuisine. Paul avait du finir par
atteindre les bords de la roche qui servait de plafond à la cavité qu’il
creusait et, insuffisamment soutenue, celle-ci avait fini par s’effondrer. Le
père de Sylvie arriva et, d’un coup d’œil au visage de Stéphane compris qu’un
drame venait de se produire à l’instant même. Il prononça un simple mot
« Paul ? » résumant ainsi la question à laquelle il avait déjà
la réponse. Stéphane lui répondit tout de même « Il est là, sous quelques
tonnes de roches. » Au même instant, à quelque kilomètres de là Emilie
arrêta subitement de jouer et Sylvie de sangloter. La mère regarda la fille et
compris qu’elle avait ressenti la même chose qu’elle. Elle n’eu pas besoin
d’attendre l’appel de son père pour savoir que son mari n’était plus.
La
pierre n’avait pût être soulevée et le corps récupéré. Les obsèques avaient
donc eu lieu devant un cercueil vide. Tous les amis étaient venus et Stéphane
figurait au premier rang, ayant laissé sa femme et son fils derrière pour
soutenir Sylvie. La cérémonie fut forte en émotion et marqua irréversiblement
le groupe d’ami. Jean et Stéphane étaient aujourd’hui chez Paul pour terminer
de retirer les dernières affaires. La maison était vendue et les nouveaux
propriétaires arriveraient dans une semaine. Mais ils étaient surtout là pour
autre chose. Jean préparait le mortier et Stéphane rapportait les pierres.
Aujourd’hui ils allaient de nouveau sceller la porte. L’opération se fit dans
le silence. Le mur en place Stéphane referma la porte et retira la poignée
juste avant que Jean remette la planche en place. Puis ils repartirent dans le
silence et personne ne remit les pieds dans la maison avant l’arrivée des
nouveaux résidents. Aucun des deux n’avait remarqué pendant l’opération que la
porte avait sur son côté gauche une quatrième encoche creusée dans le bois.
FIN
La porte - 5 - obsession
Paul
avait passé tout les soirs de la semaine à creuser. Le weekend arrivé il avait
annoncé à Sylvie qu’il n’irait pas chez leurs amis pour pouvoir continuer son
travail. Sylvie avait eue beau insister, rien n’y avait fait. Ils avaient
failli se disputer et Sylvie était partie seule et triste. Pour la première
fois elle se retrouvait à aller voir des amis sans Paul. Bien entendu le fait
fut amplement remarqué lors de son arrivé et Stéphane décida de rendre visite à
Paul devant le désarroi de Sylvie lorsqu’elle leur expliqua pourquoi elle était
venue seule. Paul avait rapidement accueilli son ami avant de se remettre au
travail. Stéphane lui avait proposé de l’aide mais Paul avait poliment refusé
en lui disant qu’il était gentil de s’être inquiété pour lui mais que tout
allait bien et qu’il n’allait pas gâcher plus longtemps le weekend de son
meilleur ami. Sans insister davantage ce dernier s’en était retourné. La
semaine passa comme la précédente et le weekend arrivé Sylvie partie sans même
demander à Stéphane s’il voulait venir. Ils ne s’étaient que très peu parlés
dans la semaine. Paul était de plus en plus distant et commençait à passer de
plus en plus de temps à la cave. Sylvie pensait qu’il se passait quelque chose
au travail de Paul et qu’il ne voulait pas lui en parler, une femme peut être.
Du coup il s’enfermait logiquement dans son bricolage pour éviter d’affronter
une discussion avec sa femme. Elle ne savait pas quoi faire et préférait attendre
que ce soit lui qui réagisse le premier. Le samedi suivant, devant son absence
répétée Stéphane alla de nouveau trouver Paul et lui parla des inquiétudes de
sa femme. Le plus sérieusement du monde Paul lui expliqua qu’il ne se passait
rien de particulier mais qu’il fallait qu’il dégage cet endroit le plus
rapidement possible. Maintenant Paul avait retiré suffisamment de terre pour
tenir debout dans le logement qui avait les dimensions d’un petit débarras. Le
plafond était constitué d’une immense plaque rocheuse. Le sol et les murs
étaient, eux, d’une terre que Paul n’avait pas encore creusée. Stéphane lui
demanda pourquoi il continuait de creuser. Paul le regarda avec une lueur
d’incompréhension comme si la réponse était tellement évidente qu’il ne
comprenait pas que son ami puisse la poser : « mais pour trouver
bien sur ! ». Stéphane n’en pouvait plus de voir son ami qui lui
semblait dans un état psychologique de plus en plus inquiétant « Pour
trouver quoi enfin ? Tu ne comprends pas qu’il n’y a rien à trouver ?
Tout le monde s’inquiète : ca fait 15 jours que l’on ne t’a pas vu. Ta
femme s’inquiète. Qu’est qu’il y a de si important à trouver qui justifie tout
ca ? ». Paul lui renvoya un regard
inexpressif : « Laisse tomber. Tu ne peux pas comprendre.
Laisse-moi maintenant. ». Stéphane eut beau essayer de lui parler, il
s’excusa même de s’être énervé, mais rien n’y fit. Paul ignora complètement son
ami jusqu’à ce que celui-ci ne finisse par partir, las de ne pouvoir obtenir
quelque chose de celui qui avait été son meilleur ami.
Paul,
assit à son bureau, maugréait. Il venait d’avoir une discussion avec Sylvie. Il
lui avait expliqué qu’il n’était pas obsédé par sa cave et que ce n’était pas
un crime de ne pas voir ses amis pendant quinze jours. Elle lui avait objecté
d’avoir envoyé promener son meilleur ami et de s’être mis en froid avec lui.
Paul n’avait pas insisté et était descendu dans son atelier pour éviter que le
ton monte. Au bout de quelques dizaines de minutes le bruit de démarrage de la
voiture le sorti de sa rêverie. Il n’avait même pas entendu Sylvie sortir. Il
remonta et ne trouva bien entendu personne à l’étage. Il alla vérifier dans la
chambre d’Emilie mais sa mère l’avait emporté avec elle. Les placards de la
chambre de la petite étaient grand ouverts. Suspicieux, il entra dans leur
chambre et découvrit que leur armoire était dans le même état. Revenant au
salon, il trouva un mot sur la table qui confirma ses craintes. Sylvie lui
indiquait qu’elle partait quelques jours chez ses parents pour réfléchir
calmement à la situation. Sa première pensée fut le soulagement d’être enfin
seul et de ne plus risquer d’être dérangé. Mais il revint vite sur cette
impression et se lamenta que cela se terminer ainsi. Il se servi un whisky pour
faire passer la boule qu’il avait en travers de la gorge et de verres en verres
il fini par pleurer toutes les larmes de son corps. Ayant terminé d’épancher sa
peine il se leva, à moitié inconscient et descendit à la cave. Il n’avait de
toute façon rien d’autre à faire. Il reprit son ouvrage et passa sa nuit à
creuser. Il fini par s’endormir d’épuisement sur le sol argileux de la cavité
et dormi d’un sommeil sans rêve. A son réveil il reprit mécaniquement le
travail sans réfléchir, ne cherchant qu’à assouvir un besoin qu’il ne
comprenait pas lui-même.
La porte - 4 - la porte
Tom
venait d’avoir 2 mois et Stéphane était papa depuis maintenant 3 semaines.
C’était maintenant au tour de Sylvie de passer à la maternité. Jean avait enfin
trouvé le temps de venir chez Paul pour regarder de plus près son sous sol. Les
deux hommes étaient dans la cave. Jean venait d’expliquer à Paul comment faire
l’isolation et ils arrivaient devant la porte. Jean avait apporté ses outils.
Ils commencèrent à retirer le mortier entre la porte et son montant. A
l’observation Jean nota que le bois de la porte devait être très vieux, peut
être même plus que la maison. Il devait s’agir d’une porte de récupération. Au
bout d’une heure de travail ils avaient réussit à dégager tout le contour de la
porte. Un loquet semblait engagé alors que la poignée avait été retirée rendant
impossible l’ouverture de la porte. Jean commença à creuser doucement le
logement de la poignée en espérant mettre à jour un mécanisme qu’il pourrait
forcer pour actionner le loquet. Paul, quand à lui, s’occupait à nettoyer les
motifs ciselés au milieu de la porte et comblés avec le même mortier qui avait
scellé cette dernière. Ils terminèrent au même moment. Paul observait le dessin
sur la porte qu’il n’arrivait pas à reconnaître. Cela mélangeait une sorte
d’architecture dont un escalier descendant dans ce qui lui semblait être une ouverture
en forme d’arche. Jean le sorti de sa rêverie en lui demandant si il était prêt
à faire l’essai d’ouvrir la porte. Paul acquiesça, et pendant que Jean forçait
sur le mécanisme, il appuyait, lui, sur une barre à mine pour faire levier et
forcer l’ouverture de la porte. Dans un grand craquement la porte céda et ils
tombèrent tous deux à la renverse. La porte était maintenant ouverte et elle
donnait … sur un mur. Au bout de quelques secondes et alors qu’ils étaient
toujours assis par terre, Jean lui dit « Et bien je crois que tu avais
raison : il doit s’agir d’une ouverture vers l’extérieur qui a été comblé
et condamnée. ». Paul ne répondit pas et c’est Sylvie qui rompit de
nouveau le silence en l’appelant du haut des escaliers :
« Paul ! Il va falloir y aller ! Le bébé veut
sortir ! ». Paul se précipita pour accompagner sa femme à la
maternité. Jean lui dit qu’il allait remettre la porte en place et que Jean n’aurait
qu’à passer chez lui plus tard pour récupérer les clés de la maison.
Les
semaines avaient passés. Paul descendait prendre un instant de calme au sous
sol. C’était le premier weekend qu’ils passaient seuls tous les trois depuis la
naissance d’Emilie. Sa fille était une petite merveille de deux mois. Sylvie
était d’une attention et d’une patience d’ange avec elle. L’accouchement avait
été rapide mais avait épuisé la jeune maman. Comme pour les autres la sortie de
maternité avait été l’occasion d’un grand rassemblement de la tribu d’amis.
Maintenant tous les bébés étaient nés et les réunions prenaient des airs de
crèches. Les hommes abandonnaient toujours rapidement le terrain pour laisser
les femmes et les enfants tranquilles. L’équipe déjà soudée auparavant s’était
encore rapprochée avec les enfants. C’était vraiment une bonne chose pour les
petits qui auraient la chance de grandir au sein d’un groupe. Avec les
naissances et les installations, personne n’était parti en vacances cette année
mais les garçons étaient déjà en train de réfléchir à l’été prochain. Bien sur
il était impensable de prévoir les vacances autrement qu’en partant tous
ensemble. Mais ces rassemblements systématiques étaient chronophages et leur
laissait peu de temps pour se reposer chez eux. Tout à ses pensées, Paul
rangeait machinalement son établi. Il n’avait toujours pas commencé à aménager
la cave depuis la naissance. En y repensant il se rendit machinalement dans
l’enfilade de pièce. Tout était encore en place : les baladeuses était
encore suspendues et branchées aux rallonges électriques si bien qu’il n’eu
qu’à appuyer sur l’interrupteur de d’arrivée de courant pour tout éclairer. Il
parcouru du regard les pièces vides et arriva logiquement devant la porte. La
poignée de secours qu’ils avaient utilisé était encore dans son logement. Sans
réfléchir il tourna la poignée et tira la porte à lui comme si il avait normal
de le faire. Il observa longuement l’empilement de pierres qui obstruaient le
passage. Elles avaient été disposées sans ordre et ne pouvaient donc rien
soutenir mais elles avaient été soigneusement scellées au mortier. Paul fût
pris d’une soudaine curiosité. Il devait savoir ce qu’il y avait derrière. Il
retourna en hâte chercher un marteau et un burin et revint commencer à
desceller une pierre. Au bout de quelques minutes la pierre tomba dans un grand
fracas. Comme il aurait dû s’y attendre il y avait un mur de terre derrière. Le
passage devait sans doute donner vers l’extérieur et avait été comblé de
l’autre côté du mur de pierre. Le mortier servant à éviter que la poussée de la
terre ne force la porte et que la pièce soit remplie de terre. Paul ne pouvait
s’empêcher d’être déçu. Il s’attendait … non … il avait été persuadé trouver
quelque chose derrière ces pierres. Il ne savait pas quoi mais il avait été
certain qu’il y avait quelque chose de soigneusement caché là. Il fît un bond
en entendant la voix de Sylvie dans son dos : « Mais enfin
Paul ! C’est l’heure de la sieste de la petite. Il faut faire autant de
bruit ? ». Paul lui répondit sur un temps absent « Désolé. Cela
m’était sorti de la tête. J’ai fini ne t’inquiète pas. ». Sylvie, qui
n’était jamais descendu dans la cave découvrit la porte. « Mais qu’est ce
que c’est que cette porte qui donne sur un mur ? ». Paul resta
évasif : « Rien. Rien qu’un vieux passage condamné. ». Sylvie
fut inquiétée par le ton de son mari : « Ca va bien
Paul ? ». Il ne répondit pas. A la place il vint l’embrasser et hocha
la tête. Dès que Sylvie fut remontée il remit la pierre en place et referma la
porte. Il replaça le panneau de bois et commença à envisager les travaux pour
aménager la cave.
L’hiver
était passé et Paul avait terminé l’aménagement de la cave. La petite se
promenait à quatre pattes dans son parc et Paul regardait par la fenêtre Sylvie
qui plantait ses fleurs dans le jardin. Le déjeuner était presque prêt et il
ouvrit la fenêtre pour prévenir Sylvie qu’elle allait bientôt devoir faire une
pause pour venir manger. Emilie commençait à vouloir prendre la cuillère toute
seule mais c’était à chaque fois un massacre et il fallait passer un temps
considérable à tout nettoyer. Sylvie indiqua à Paul qu’il faudrait qu’il lui
construise un rebord de bois sous la fenêtre de la cuisine pour remettre de la
terre. Elle avait découvert qu’à cet endroit la roche arrivait presque à fleur
et qu’il était impossible de planter quoi que ce soit sur une si petite
épaisseur de terre. Le repas se termina dans le calme quand soudain Paul fît un
bond dans sa chaise. Sans mot dire il se précipita au sous sol pour s’emparer
d’un mètre et sorti dehors. Il prit une série de mesure sous l’œil
interrogateur de Sylvie qui tenait Emilie dans ses bras, puis revins au
sous-sol pour reprendre d’autres mesures. Enfin il s’installa devant le bureau
de son établi, poussa du bras les outils qui trainaient là, et commençait le
tracé d’un plan lorsque les deux femmes de sa vie le rejoignirent. Le voyant
frénétiquement tracer son plan et placer ses mesures Sylvie l’interpella
« Mais enfin ! Ce n’est pas urgent ! ca pouvait attendre de
terminer le dessert ! ». Paul ne répondit pas. Une fois le plan
terminé il se leva et alla au fond de la cave. Il déplaça la planche et
contempla la porte. Sylvie le rejoignit, inquiète : « Vas-tu me
dire ce qu’il y a, à la fin ? ». Paul désigna la porte :
« Cette porte. J’ai toujours cru que c’était une ancienne sortie vers le
jardin qui avait été condamnée et comblé de l’extérieur. D’après mes calculs
elle devrait déboucher sous la fenêtre de la cuisine. ». Sylvie ne
comprenait pas : « mais c’est impossible la roche est presque à
nue à cet endroit. ». Paul lui répondit d’une voix absente « C’est
justement ce qui m’inquiète ». Paul passa l’après midi à démonter le mur
pierre après pierre. Il remonta juste pour le diner et voulu redescendre après.
Sylvie eue toutes les peines du monde à l’en empêché et seule la perspective de
réveiller sa fille stoppa Paul. Le lendemain matin il reprenait l’ouvrage et
termina de sortir les dernières pierres en début d’après midi. Sylvie lui
demanda ce qu’il comptait faire maintenant et il répondit qu’il allait dégager
quelques mètres cubes de terre pour voir. Il ne put cependant pas répondre à la
question qui se posait évidement : pour voir quoi ?
La porte - 3 - Heureux évènement
Stéphane et Jean
étaient arrivés tôt ce matin. Les trois amis prenaient un café en attendant de
commencer le rangement. Jean n’était pas détendu. Sa femme devait accoucher
dans une semaine mais il avait la conviction que le petit Tom, c’était le nom
qu’il avait choisi pour son fils, serait en avance mais il était quand même
venu car Paul avait besoin de son camion pour emporter tout ce qu’ils devaient
jeter à la déchetterie. Paul avait terminé d’aménager le grenier du garage et
ils devaient monter les cartons dedans pour vider la future cave. Jean était
venu avec un camion de son travail. Ils pourraient donc aller tout jeter en fin
de journée. Sylvie était partie faire le marché pour leur préparer le repas.
Elle était radieuse à 6 mois de grossesse. Le groupe d’amis s’était soudé davantage
avec les naissances arrivées et attendus. Heureusement, toutes les grossesses
se passaient bien et les premiers accouchements avaient été réussit, laissant
les parents emprunts d’un souvenir merveilleux. Les trois amis se mirent
rapidement au travail. La matinée leur suffit à transporter les cartons dans le
garage. A la pause-déjeuner Jean s’empara du téléphone pour prendre des
nouvelles de sa femme. Celle-ci était avec sa mère pour plus de sécurité. Elle
était un peu fatiguée mais tout allais bien. Elle lui confirma que le petit
n’attendrait certainement pas une semaine et qu’avec un peu de chance ils
pourraient prendre le chemin de la maternité à la fin du weekend. Pour rassurer
Jean, Sylvie lui promis de rester à proximité du téléphone pendant l’après midi
au cas où il recevrait un appel urgent. Les trois hommes commencèrent
rapidement à vider la première pièce. Il n’y avait là que du bois pourri et de
vieux cartons désagrégés. Lorsqu’ils eurent terminé ils installèrent un
éclairage de fortune dans la seconde pièce. Là le travail fût plus compliqué.
Il y avait beaucoup d’affaires en vrac et ils prirent le temps de tout trier
pour le cas où ils trouveraient quelque chose d’intéressant. Paul trouva
quelques vieux outils qu’il décida de conserver et de nettoyer plus tard. Les
meubles étaient tous bon pour la décharge malgré, pour certain, une apparence
prometteuse. Ils avaient tous un coin abimé ou cassé quand il n’en manquait pas
carrément une partie. Le reste n’était que vieux papiers comme seules savent en
conserver les personnes âgées. Après avoir remué toute cette poussière les amis
prirent le temps de savourer une bière dehors pour respirer un peu. La lumière
du jour et l’air frais leur firent le plus grand bien mais par égard pour Jean
ils ne s’attardèrent pas. En redescendant, ils placèrent deux baladeuses
électriques dans la troisième pièce pour terminer le travail. C’était la
première fois que quelqu’un mettait les pieds dans cette pièce depuis qu’ils
avaient acheté. La pièce était assez petite et remplie d’un bric à braque impressionnant.
Il y avait là, pêle-mêle, des piles de vieux journaux, des panneaux de
différents matériaux et de toutes tailles ainsi que de vieux matelas. Ils
décidèrent de commencer par dégager les plus gros éléments afin d’y voir un peu
plus clair. Après avoir sorti dans le camion trois matelas de plumes éventrés
et une vieille maie dont il manquait un pied ainsi que le tablier ils
revinrent faire le tour de la pièce.
Hormis un bazar impressionnant il y avait sur le mur du fond un grand drap qui
semblait cacher quelque chose comme un très grand tableau. Stéphane commençait
déjà à libérer l’accès, visiblement intrigué par cet objet. Jean et Paul lui
vinrent en renfort. Au bout de cinq minutes Paul fut le premier à pouvoir enfin
toucher au drap. Il le tira à lui, plein d’espoir, mais quel ne fut pas sa
déception lorsque la chute de l’étoffe ne révéla qu’un large panneau de bois. Jean
suggéra de dégager le panneau au cas où il y aura quelque chose d’intéressant
derrière. Au bout d’une demi-heure, le panneau bascula enfin et révéla,
effectivement, une surprise de taille mais très loin de tout ce à quoi ils
s’attendaient. Derrière la planche il y avait une porte. Il s’agissait d’une
porte imposante mais de taille moyenne. La première chose qui les surprit fut
que cette porte était sur un mur extérieur et qu’elle donnait donc sur une
pièce, ou quoi que ce soit, en dehors de la maison. Le second point
d’interrogation fut de constater que cette porte avait été scellée au mortier.
Ils approchèrent des lampes pour l’observer de plus près. La porte était d’un
très bel ouvrage. Elle était composée d’un bois solide qui avait très peu
travaillé avec le temps. Elle avait été décorée sur sa façade d’un joli jeu de
courbes finement ciselé. Son seul défaut était trois encoches qui avaient été
gravée au couteau en haut à droite de la porte. Stéphane fut le premier à
rompre le silence. « Pourquoi avoir muré cette porte alors qu’il aurait
été aussi simple de la retirer ! ». Jean lui apporta la
réponse : « En fait c’est plus simple de laisser la porte et de
reboucher lorsque l’on a pas besoin de faire quelque chose de propre. En plus
la porte est d’un beau bois et il aurait été dommage de la casser. ». Les
trois amis conservèrent quelques temps le silence sans qu’aucun n’ose poser la
question : Pourquoi ? Et qu’y avait-il derrière ? Il y eu un
sursaut général lorsque du haut de l’escalier la voix de Sylvie retentie : « Jean !
C’est ta femme ! Il faut que tu partes tout de suite, elle est déjà en
route vers l’hôpital ». Ni une ni deux, Jean s’élança dans l’escalier pour
prendre le téléphone. Au bout du fil son beau père l’informa que sa femme et sa
belle mère venaient de partir. Allant partir il se retourna « Mince !
Le camion est plein ! Et vous en avez encore besoin ! » Stéphane
lui répondit « Ne t’inquiète pas : prend ma voiture. Tiens voilà les
clés ». Jean allait répondre lorsque Paul l’interrompit « Aller
file ! Ta femme t’attend et si tu n’y vas pas tout de suite c’est ton fils
qui ne va pas t’attendre ! ». Jean s’élança dans la cours en
direction de la voiture de Stéphane. Après cette courte pause Paul et Stéphane redescendit.
Ils continuèrent à débarrasser la cave en silence, comme gênés par cette porte.
Ce fut Stéphane qui le premier rompit le
silence : « Tu crois qu’elle donne sur quoi cette porte ? Si je
ne me trompe pas c’est le mur extérieur de ta maison ca ! Tu crois qu’ils
ont creusé une pièce supplémentaire sous terre ? ». Jean fut
sceptique : « Je ne sais pas … Je pensais plutôt qu’à l’époque
la porte devait donner sur l’extérieur et que l’ouverture de l’autre côté aura
été comblée avec de la terre. Il faudra qu’on la dégage pour essayer de
l’ouvrir. ». Stéphane le mis en garde : « On devrait attendre de
faire ca avec Jean : il a dit que la porte était d’une belle construction
et ne voulait pas qu’elle soit abimé. ». L’après midi passa et ils finir
juste à temps le chargement du camion pour pouvoir aller le vider à la
déchetterie. Entre temps Sylvie avait invité la femme de Stéphane à venir les
rejoindre pour diner, d’autant que Stéphane n’avait plus de voiture pour
rentrer. Juste avant le diner, Jean les appela pour les informer que
l’accouchement s’était bien passé et ils fêtèrent tous les quatre la nouvelle.
La porte - 2 - Travaux
L’hiver était
passé et Paul et Sylvie avaient maintenant terminés l’aménagement intérieur de leur maison. Les meubles avaient été
installés et rapidement remplis. Quelques cartons avaient été laissés au sous
sol et Paul pensa qu’ils ne seraient vraisemblablement jamais ouverts contenant
toutes ces choses dont ils n’auraient plus jamais besoin mais qu’un pincement
au cœur de nostalgie les empêchait de jeter. Une fois l’habitat bien installé,
Paul avait demandé à Stéphane, son meilleur ami, de l’aider à vider la grange
pour y aménager un garage. Les matériaux et outils avaient été rapatriés au sous-sol
permettant ainsi l’accès à la grange. Pour l’instant ils avaient supprimés les
grandes portes et avaient plus ou moins transformé le bâtiment en préau. Paul
prévoyait d’aménager l’étage pour stocker des affaires mais pour cela il
faudrait qu’il fasse poser un escalier. Aujourd’hui l’opération consistait à
couler la chape de ciment. Le sol avait été nettoyé, les planches de coffrage
posées et les deux hommes savouraient une bière fraiche pendant que la
bétonnière tournait à plein régime. Les femmes plantaient les quelques arbres
que Sylvie avait choisi pour agrémenter le jardin. Ils avaient implicitement
réparti les rôles : Sylvie s’occupait du jardin et de la décoration et
Paul s’occupait des travaux d’aménagement. Stéphane demanda à Paul comment il
comptait aménager son sous sol. Vu la configuration, Paul lui expliqua qu’il
comptait installer un atelier de travail sur toute la grande pièce où se
trouvait l’entrée, l’escalier menant à l’étage et les fenêtres puis de
conserver les trois pièces en enfilade sur le fond aveugle pour y faire une
grande cave. L’entrée de la première pièce à côté des escaliers se portait bien
à cet usage. Mais il avait promis à Sylvie de n’entreprendre cette réalisation
qu’après le garage. Il devait donc terminer avant l’aménagement de la grange.
Sur ces explications les garçons se remirent au travail et la dalle de béton fut
terminée avant la tombée de la nuit.
Le
soleil était haut et les oiseaux chantaient. Sylvie traversait la cour en
essayant de ne pas renverser le plat de merguez. Leur premier barbecue s’annonçait
sous les meilleurs auspices. Il faisait un temps merveilleux et tout le monde
était détendu. Ils avaient invité tous leurs amis pour l’occasion. Les hommes
jouaient aux boules et riaient tandis que les femmes étaient réunies en
conciliabule pour discuter de leurs grossesses respectives. Elles étaient
toutes tombées enceinte à quelques mois d’intervalles. La dernière à ne pas
l’être était Sylvie. Elle attendait le bon moment pour leur annoncer qu’elle
aussi rejoignait le groupe des futures mamans. Même si à deux mois et demi de
grossesse il était encore tôt pour en parler, Ils avaient choisis, avec Paul,
de profiter de cette grande réunion pour révéler le prochain et heureux
évènement. La viande fût rapidement cuite et les amis purent se mettre à table avec
envie. Le repas fut agréable et au moment du dessert Paul attira l’attention
pour leur apprendre la grossesse de Sylvie. La nouvelle fût accueillie avec
enthousiasme par le collège amical. Les discutions repartirent de plus belle
autour des futurs enfants. Dans l’après midi Paul montra ses réalisations à ses
amis. Le garage était terminé et l’escalier vers le grenier venait d’être posé.
Le weekend prochain il commencerait l’aménagement du débarras à l’étage. Ils
visitèrent enfin le sous sol. La pièce principale était spacieuse et bien
éclairée : elle ferait un superbe atelier pour Paul. Jean, un ami maçon,
lui conseilla d’isoler le mur de la cave. Ainsi il pourrait chauffer son
atelier tout en laissant sa cave froide. Le plus compliqué serait de bien isoler
la porte. C’est par là que la chaleur renterait. Et pour l’aération de la cave
il lui conseilla de faire une petite ouverture vers l’extérieur dans la pièce
du fond. L’électricité n’étant installé que dans la première des trois pièces
et les restes de mobilier de l’ancien propriétaire étant encore stockés là ils
ne pure au mieux que jeter un coup d’œil dans la seconde pièce. Mais Jean n’eu
pas besoin d’en voir plus pour dire à Paul que l’aménagement de la cave serait
possible en laissant les murs de séparation mais en agrandissant les
ouvertures. Le temps de retourner jouer à la pétanque et il était déjà l’heure
du diner. De nouveau la nourriture fut abondante et les invités ne repartirent
que très tard dans la nuit.
La porte - 1 - Nouvelle vie
L’automne
commençait à enflammer le paysage. Le rouge et le jaune remplaçaient le vert.
Pourtant la vue n’avait rien perdu de son charme. Le blanc viendrait bientôt et
les montagnes changeraient de nouveau de visage. Paul était content de son
investissement. Certes il y avait beaucoup de travaux à réaliser mais la maison
était très grande et le terrain bien implanté. Ils avaient choisis, avec
Sylvie, un village à flanc de montagne un peu à l’écart de la ville pour son isolement.
Bien sûr leurs amis leur avaient fait valoir l’inconvénient d’être souvent sur
les routes de montagne pour aller travailler, faire les courses ainsi que pour
l’école des enfants qui ne tarderaient pas à arriver, mais rien ne les avait
fait changer d’avis. Avant tout ils désiraient le calme et la perspective d’une
maison plus grande que ce que l’on pouvait trouver en ville pour le même prix
avait eu raison de leurs dernières hésitations. Bien sur en trouvant cette
maison, qui nécessitait de nombreux travaux d’aménagement, ils avaient eu pour
un prix raisonnable quelque chose qui dépassait leurs espérances avec maintes
dépendances et un grand terrain. Il y avait même un puits que Paul devrait condamner
rapidement. Sylvie considérait, à raison, que c’était très dangereux de le
conserver ouvert. Les travaux ne faisaient pas peur à Paul. Il était bricoleur
et il avait déjà commencé à investir dans du matériel. La seule chose qu’il ne
comprenait pas c’est pourquoi l’ancien propriétaire, un brave homme décédé à
son domicile à l’âge de 97 ans était resté si longtemps dans une bâtisse en si
mauvais état. Les héritiers qui avaient vendu la maison leurs avaient dit que
malgré toutes leurs recommandations il ne voulait pas quitter son domicile et
encore moins le vendre. Il leur avait d’ailleurs demandé de ne pas le vendre et
de le conserver en l’état mais personne ne voulait venir s’installer ici et ils
avaient déjà tous fait des projets avec l’argent de l’héritage.
Paul reculait
le camion de déménagement dans la cour en suivant consciencieusement les
indications de guidage de Jean. Il avait fallu libérer rapidement leur
appartement et ils étaient obligés de s’installer au milieu des travaux. Grace
à l’aide de leurs amis Paul avait réussit à terminer la salle de bain et la cuisine
avant l’emménagement. Il était très content de lui et avait vivement remercié
ses amis. Il ne restait plus qu’à terminer de poser les meubles mais
l’essentiel était fait et ces deux pièces étaient les plus difficiles à
entreprendre lorsqu’on habitait déjà sur place. En ce moment même, pendant que
les hommes s’occupaient du déménagement, les filles étaient en train de
terminer la peinture de la chambre. En attendant la fin des travaux d’intérieur
ils allaient stocker les cartons et les meubles dans le grand sous sol que Paul
rêvait de pouvoir transformer un jour en atelier. Paul avait entreposé les
matériaux pour les travaux au sec dans la grange attenante. Le déménagement
aillant été bien préparé il ne fût pas compliqué et les garçons purent
travailler correctement et sans empressement. A la fin de la journée tout le
monde était exténué. Pour ce soir Paul et Sylvie dormiraient dans le salon au
milieu des cartons contenant les ustensiles de cuisine. Pour le repas du soir
Sylvie et son amie Catherine avaient préparées un repas froid qu’ils choisirent
de consommer dehors malgré la fraicheur qui commençait à s’installer. Admirant
la vue à loisir leurs amis convinrent qu’ils avaient effectivement fait un très
bon choix en achetant ici et commencèrent à débattre sur les barbecues géants
qu’ils pourraient faire tous ensemble ici dès le retour des beaux jours. Tard
dans la soirée les convives prirent congés, vivement remerciés par Paul et
Sylvie. Après avoir débarrassé la table dans le silence, épuisés mais ravis de
leur journée, ils se couchèrent directement, préférant ne pas penser au travail
qui les attendait le lendemain.
l'île
J’avance dans
la brume. Le ciel commence à pâlir, le jour va bientôt se lever. Je ne sais pas
où je suis. La végétation est dense et le terrain meuble. Je dois être au cœur
d’une forêt. Ma tête bourdonne. Je ne me souviens de rien. Tout est flou dans
ma tête et je n’arrive pas à me concentrer. J’ai tout oublié, jusqu’à mon nom.
Je ne sais pas ce que je fais là ni ce que je dois faire. J’ai juste la
persistante impression que je suis ici pour une raison bien précise. Je marche
un peu pour me détendre et ne pas céder à la panique. Je suis la pente
naturelle et douce du terrain. La brume est toujours présente mais il ne fait
pas froid. Je rencontre un ruisseau et décide de suivre son cours. Le ruisseau
débouche sur une plage et se jette dans la mer. Je me retourne. La forêt baigne
dans la brume au dessus de laquelle culmine une montagne. La plage s’étend de
part et d’autre à perte de vue en suivant un dessin arrondi. Je pense que je
suis sur une île. Je dessine un symbole par terre et décide de suivre la plage
pour vérifier mon hypothèse.
Le
soleil est haut maintenant. Je suis revenu à mon point de départ. Je suis
effectivement sur une île mais je n’ai trouvé aucune trace de vie humaine. Je
n’ai toujours aucun souvenir mais mes idées sont plus claires. La brume s’est
levée. On peut voir maintenant distinctement que l’île est composé d’une
montagne centrale entourée d’une forêt qui s’étend jusqu’en bord de mer. Je
décide de remonter jusqu’à la montagne. Si je trouve un moyen de la gravir je
pourrais avoir une vision globale de l’île. Je commence à avoir faim. J’ai déjà
étanché ma soif grâce au ruisseau mais j’en n’ai pas vu d’animaux jusqu’ici. En
remontant le ruisseau je trouve des fruits qui me semblent être comestibles. Je
tente ma chance, j’ai trop faim. Le goût est bon. J’étanche ma faim. Je continu
ma route. J’arrive enfin au pied de la montagne là où la végétation
s’éclaircie. Le soleil est bas et la nuit ne va pas tarder à tomber. J’ai
retrouvé des fruits. Comme les premiers ne m’ont pas rendu malade je mange
ceux-ci et décide de dormir sur place pour me risque demain sur la montagne.
Malgré l’absence d’animaux je ressens le besoin de me construire un abri pour
dormir.
Je
suis réveillé par un rayon de soleil. Aujourd’hui il fait beau et il n’y a pas
de brume. Cela me facilitera la tâche. Je mange quelque fruits et boit avant de
commencer à grimper. La pente est douce au début. J’arrive à prendre un peu de
hauteur mais je suis rapidement arrêté. La pente deviens dangereuse, je ne
pourrais pas aller jusqu’en haut. Je fais le tour à la hauteur où je suis en
observant l’île. C’est effectivement une petite île parcouru par un petit
ruisseau. La végétation couvre tout à l’exception d’une clairière non loin du
ruisseau. Il me semble apercevoir un objet au centre de cette clairière. Je
redescends en direction de la clairière. En fin de journée j’abouti sur la
plage. Je n’ai pas trouvé la clairière. Il est impossible finalement d’avancer
en ligne droite dans une forêt. Je mange quelques fruits et je me prépare une
couche.
Un
pincement me réveille très tôt. Le soleil n’est pas encore levé. Je cherche
l’origine de mon réveil et découvre un crabe qui s’éloigne vers la mer. C’est
le premier animal que je découvre. Je comprends qu’il fait tellement chaud sur
la plage dans la journée que les crustacés sortent tôt le matin. J’attrape le
crabe et le tue sur un rocher. Je l’ouvre mais sa viande crue est immangeable.
Malheureusement je n’ai rien pour le faire cuir. Je laisse la carcasse sur le
rocher. Je retourne à la recherche de la clairière. Au bout de quelques heures
j’abandonne. J’ai faim et les fruits ne me nourrissent pas correctement. Si
seulement je pouvais faire cuire le crabe. Je lève la tête et contemple le
soleil. J’ai une idée.
Je redescends
sur la plage à la recherche de la carcasse de crabe. Je le retrouve. J’examine
la carcasse : elle est intacte. La coque est chaude. J’ouvre et constate
que la viande à tiédie mais a aussi tournée. Il faudrait plus de chaleur. Je
repense à la montagne. J’y avais trouvé de grandes planques d’ardoise noire. Je
vais essayer d’en rapporter une. J’espère qu’elle attirera suffisamment de
chaleur pour cuire la viande. Je remonte le ruisseau. Arrivé en haut en fin de
journée je trouve une plaque suffisamment large mais transportable.
Effectivement après une journée la plaque est chaude. Après avoir pris le
soleil de midi elle doit être brulante. J’observe de nouveau la clairière et
prend un point de repère par rapport au ruisseau. Non loin de la clairière le
ruisseau à taillé une cuvette. Je rapporte la pierre jusqu’à la naissance de la
forêt et m’arrête pour la nuit.
Le
matin je tire la pierre jusqu’à la cuvette d’eau. Je dégage un espace en
cassant les branches et en arrachant les petites plantes pour poser la pierre.
Je pars à la recherche de la clairière. En milieu d’après midi je l’atteins. La
clairière est assez vaste. Une grande caisse de bois trône en plein milieu. A
côté se trouve un plateau rocheux et le reste n’est composé que d’herbe rase.
Aucun moyen d’ouvrir la caisse. Le jour décline et la faim me tiraille. Je
décide de rapporter la pierre ici et d’aller chercher des crabes tôt le
lendemain. Avant de dormir j’essai encore d’ouvrir la caisse.
La
pêche est bonne. Je ramasse de nombreux crabes que je tue sur les rochers. Le
remonter vers la clairière avec mon butin. Pour conserver la viande je plonge
les cadavres dans la cuvette d’eau. Je me dégage un passage entre la clairière
et le ruisseau pour faciliter mes aller et venus. En tout début d’après midi la
plaque est brulante. Je vais chercher les crabes et, après les avoir décortiqué
je pose la viande sur l’ardoise. La viande grésille et cuit. Je mange tout,
c’est délicieux. J’essai de déplacer la caisse. J’arrive finalement à la faire
basculer. Sur le côté caché figure une inscription : « E.S. 78 ;
L. 1 ». Je ne comprends pas. Pourtant je devrais. Et je ne me souviens
toujours de rien.
Ce
matin je cherche comment ouvrir cette caisse. Après plusieurs essais j’obtiens
satisfaction en frappant sur l’arrête du cube avec un rocher rapporté de la
plage. J’ouvre complètement le panneau et découvre ce que la caisse contient.
Je trouve une tente, un sac de couchage, des allumettes, un couteau et des
sachets de gélules avec des instructions écrites dessus. Je passe la journée à
étudier ce bric à braque.
Ce
matin je fais du feu et grille les crabes. C’est bien meilleur ainsi préparé.
Je prends le temps de réfléchir. Je ne me souviens de rien. Pourtant je ne suis
pas là par hasard. Je n’ai trouvé aucune trace de ce qui aurais pût m’amener
ici. Et cette caisse. Elle semble m’être destinée, du moins elle contient
étonnamment tout ce dont je semble avoir besoin.
Je
suis ici depuis longtemps maintenant. Mon régime à base de crabe et de fruit ne
semble pas provoquer chez moi de carences. J’ai fait le tour de l’île et n’ai
rien trouvé. J’essai de trouver une solution pour construire une embarcation
qui pourrait m’emmener ailleurs ou du moins me permettre de m’éloigner un peu
de l’île pour voir si je ne trouverai pas autre chose. Quoi je n’en sais rien.
Ce
matin je vais à la pêche aux crabes. J’ai réfléchit hier soir et je crois que
ce que je recherche est une réponse à mes questions. En arrivant sur la plage
je découvre une nouvelle caisse arrivée là pendant la nuit. Elle port l’inscription
« E.S. 78 ; L. 2 ». Je l’ouvre de la même manière que la
précédente. J’y découvre des outils. Je comprends immédiatement qu’il y a là
tout ce qu’il me faut pour construire mon embarcation. Je ne sais pas qui
m’envoi ces caisses mais elles me sont bien destinée et quelqu’un sait de quoi
j’ai besoin. Cela m’effraie un peu mais me rassure aussi : je ne suis pas
seul et quelqu’un veille à ma survie.
Ce
soir j’ai enfin terminé mon embarcation. J’y ai passé plusieurs jours. Equipée
de rames elle devrait me permettre de naviguer pour aller regarder un peu plus
loin en mer si il y a quelque chose sans toutefois perdre l’île des yeux.
Aujourd’hui
j’entame mon 6ième voyage. J’ai déjà essayé dans plusieurs
directions mais n’ai rien trouvé. J’espère qu’il y a quelque chose. Les caisses
viennent bien de quelque part !
Ce
matin j’ai chargé le bateau avec un maximum de vivre. Je tente un voyage plus
important et espère que je serais capable de retrouver l’île. Je n’ai rien
trouver dans les proches abords de l’île. Il est temps de partir.
VOIX 1 « Le cadavre à été
récupéré. L’expérience est terminée. Nous pouvons passer aux conclusions »
VOIX 2 « L’expérience de
survie à court terme est concluante au-delà de nos attentes »
VOIX 3 « La conclusion est
d’ordre psychologique : le sujet à besoin d’un but. Passé le but de la
survie primaire il est prêt à se mettre en danger pour trouver un nouveau
but »
VOIX 2 « L’assistance du
sujet l’a conduit à trop de confiance envers un élément extérieur. Il s’est cru
protégé de tous risques »
VOIX 1 « Il sera dorénavant évité
d’aider trop vite le sujet. »
VOIX 2 « Fin des
conclusions »
VOIX 3 « Nous pouvons
commencer l’Expérience de Survie suivante »
VOIX 2 « Faites sortir le
clône 79 de sa cuve et paré à réanimation. »
VOIX 3 « Faites nettoyer
l’île et préparez la caisse de livraison N°1 »
VOIX 1 « Et veillez, cette
fois, à livrer le corps à proximité de la caisse »
…
FIN
lundi 26 novembre 2012
L’Inconnu dans le miroir - 1 - le réveil
Lundi matin, 6h, le réveil sonne après une trop courte nuit. Pas le
temps de réfléchir, la semaine commence à toute allure. S’extirper de cette
douce torpeur alors que le corps n’aspire à profiter encore un peu de la
chaleur du lit. Se couvrir, avancer machinalement vers la cuisine en faisant
mentalement la liste des choses à faire pour préparer le petit déjeuner pour
réveiller son esprit. Sur le chemin fermer les portes de chambres pour que les
enfants terminent doucement la nuit profitant des quelques minutes supplémentaires
que l’on leur offre. Passer aux toilettes et s’accaparer la salle de bain
pendant qu’elle est libre. Relever la tête vers le miroir pour constater l’état
des dégâts provoqués par une nuit trop courte clôturant un week-end un peu
animé.
Et là le choc.
Ne pas reconnaître
le visage devant soit. Comme après un moment d’absence, le cortex cérébral comprenant
bien qu’il s’agit là du reflet dans le miroir de son propre visage mais la
partie subconsciente refusant de reconnaître là ses traits, sa bouche, son nez,
ses cheveux. Tout cet ensemble qui fait son intégrité physique apparaît alors
comme étranger et on se prend à contempler cet inconnu dans le miroir.
C’est sur
cette étrange révélation que ma journée a commencée. Très vite mes idées se remettent
en place et la matinée continue sur ces automatismes du matin. Les enfants se réveillent
et la course commence. Toilette, déjeuner, habillage, tout passe en accéléré.
Les manteaux, les chaussures, les sacs et nous voilà déjà dans la voiture sur
le chemin de l’école.
Les enfants
déposés tout se ralenti. La course est terminée et c’est l’heure de laisser la
voiture glisser sur l’asphalte en lâchant la bride à l’esprit. Moment presque
aussi agréable que devant son café où l’esprit prend le temps de se rappeler chaque
sujet. Les courses à aller faire, la réunion de travail à préparer, les amis à
contacter. Et soudain au feu rouge ce visage qui ressurgit. Cette bouche, ce
nez et ce front si familier individuellement mais que je n’arrive pas à reconnaître
comme un tout. Comme une expérience de conscience extracorporelle je contemple
cet être que je sais être moi et que je découvre pourtant pour la première
fois. Cette sensation étrange et inconfortable de gêne lorsque l’on regarde son
reflet comme un étranger. Je ne suis pas cet inconnu dans le miroir. Mais alors
qui suis-je ?
Une sonnerie
de klaxon retenti. Le feu est vert. Depuis combien de temps suis-je en train de
rêvasser. Trop longtemps à voir les gestes agacés du conducteur derrière moi. Je
repars. La journée suit son cours.
Tadaaa !!!
Bon ça y est, nous y sommes.
Je franchi enfin le pas de l'affichage publique de mes divagations inspirées.
Commençons par une petite présentation :
Parmi un tas d'autres activités touche-à-tout je me suis pris au jeu de l'écriture il y a quelques années. Bien entendu je reste très modeste sur mon niveau d'écriture mais c'est un exercice auquel je me plait. Il y a quelques temps j'avais déjà décidé de montrer quelques-uns de mes textes à des amis afin d'avoir leurs avis.
J'ai toujours été gêné par le côté narcissique de l'exhibition des créations. L'idée de tendre ce que je fait avec un très fière "C'est moi qui l'ai fait" est pour moi en désaccord complet avec la notion d'imperfection et de progression. Je suis très loin d'avoir un niveau simplement "correct" d'écriture mais aujourd'hui j'ai intégré cette notion et n'ai aucune honte à montrer mes créations.
Pourquoi alors ?
Tout simplement pour faire plaisir, d'une part, a ceux qui aiment découvrir, piocher des idées de ci de là pour leurs propre compte, et aussi pour recevoir les critiques et chercher l'amélioration.
Alors voilà, vous qui avez quelques instants à perdre vous trouverez ici quelques textes, rien d'exceptionnel, mais qui pourrons, je l'espère vous divertir quelques instants.
Surtout n'hésitez pas à réagir. Cela me fera plaisir de pouvoir améliorer ces textes sur vos conseils.
Merci donc à vous et bonne lecture.
Christophe
Je franchi enfin le pas de l'affichage publique de mes divagations inspirées.
Commençons par une petite présentation :
Parmi un tas d'autres activités touche-à-tout je me suis pris au jeu de l'écriture il y a quelques années. Bien entendu je reste très modeste sur mon niveau d'écriture mais c'est un exercice auquel je me plait. Il y a quelques temps j'avais déjà décidé de montrer quelques-uns de mes textes à des amis afin d'avoir leurs avis.
J'ai toujours été gêné par le côté narcissique de l'exhibition des créations. L'idée de tendre ce que je fait avec un très fière "C'est moi qui l'ai fait" est pour moi en désaccord complet avec la notion d'imperfection et de progression. Je suis très loin d'avoir un niveau simplement "correct" d'écriture mais aujourd'hui j'ai intégré cette notion et n'ai aucune honte à montrer mes créations.
Pourquoi alors ?
Tout simplement pour faire plaisir, d'une part, a ceux qui aiment découvrir, piocher des idées de ci de là pour leurs propre compte, et aussi pour recevoir les critiques et chercher l'amélioration.
Alors voilà, vous qui avez quelques instants à perdre vous trouverez ici quelques textes, rien d'exceptionnel, mais qui pourrons, je l'espère vous divertir quelques instants.
Surtout n'hésitez pas à réagir. Cela me fera plaisir de pouvoir améliorer ces textes sur vos conseils.
Merci donc à vous et bonne lecture.
Christophe
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